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C’était en 1995. Le choc de la guerre sur un pays qu’il aime tant, et TF1: 2 ravages.
C’est pas encore l’heure de l’épuration ethnique des blogueurs nippons (évoqué pendant cet extraordinaire dîner, que je ne commenterais pas de suite tellement le brio des 2 posts linkés ci-dessus m’ont coupé la prose), mais ça ne serait pas une mauvaise chose.
En attendant, ils étaient 4 dans le train pour Odawara.
Pas des Serbes : eux je les aime bien depuis un mémorable séjour à Beograd à boire de la Cerna Pivo avec un mec qui a commandé la troisième pinte après 25 minutes, me tapant sur le dos avec un « On n’est pas des pédés, ici : on boit » avant de continuer les récits de campagnes dans quelques obscures forces pseudo-officielles.
Assez de Lavilièrismes : revenons au train.
Inconsciemment, j’avais sans doute viré les mormons de mon champ de vision jusqu’alors. Pourtant, Manu dit qu’ils sont nombreux. Faut voir…Toujours est-il qu’il suffit d’en regarder un pour qu’il hoche la tête et dise bonjour.
C’est là la traîtrise : j’ai envie de lui gifler la tronche avec un peigne à carder en hurlant « on n’a pas gardé les cochons ensemble pendant qu’ils bourraient ta mère ! » (et que Tohjiro filmait…j’adore !), le tout en postillonnant à 3,1415926 cm de sa face de premier de la classe, le maculant de mon crachoti de curry avalé à la va-vite en écrasant ses ongles incarnés pour cause de mocassins règlementaires made in UTAH.
« Pour pendre les propriétaires et couper les curés en 2, j’vais aiguiser ma dialectique sur des situations bandantes »
Mais seulement voilà : « On ne combat pas l’aliénation par des moyens aliénés« , comme dit le héros du film.
Quel dommage pourtant, un témoin de Jéhovah en carpaccio sur un lit de gelé ede groseille à maquereau et réduction de xérès et crème de noix de cajou, ou un mormon sauce Nantua, à la simple, avec un duo de tomates vertes tigrées et noires de Crimée pincées de lamelles de truffes blanches et huile d’olive vierge de crête, ne serait-ce pas un grand moment ?
Qu’ils servent à quelque chose, les bougres !
Qu’est-ce qui vous fait croire que je n’aime pas les minorités religieuses ?
Digression illustrative, phase 1 :
Jadis, ma mère et son ex-mari à barbe blanche vivaient en autarcie avec leurs jardins, moutons, enfants, poteries et ponchos faits main dans un mas retapé par eux-mêmes dans la montagne gardoise.
Bon.
N’ayant ni eau courante ni électricité (n’oublie pas, Camarade : » ce qui se perd en contestation partielle rejoint la fonction répressive du vieux monde« ), cachant une vieille 4L qui fit 20.000 bornes en 12 ans, ils vivaient…euh…peut-être pas heureux comme Ulysse, mais pas trop mal.
Digression illustrative, phase 2 :
De toute façon, les qualificatifs me manquent et j’angoisse déjà à toute cette diarrhée lexicale de plateau télé en seconde partie de soirée, les « proches de la nature« , « roots« , des images de néo-babs vrais merdeux joueurs de djembé défoncés (ou pas, encore pire), théâtreux en sandales ethniques, altermondialistes à tresses africaines et autres hippies qu’on imagine volontier et sournoisement en dommages collatéraux du sarkozisme, mais je garderais pour moi ces images de jolis petits seins nus qui pointent sous un t-shirt rouge , d’un Che qui semble pleurer sous l’effet de la larme silencieuse de l’étudiante en art plastique que l’on tond, une boule de jongle dans la bouche…
Oups ! o_O’
Monsieur malsain, le retour…
Revenons à nos mormons.
Mais finissons mes parents d’abord : inévitablement, un matin, les témoins de Jéhovah vinrent.
Endémiques comme les sauterelles du Mali, les facteurs et leurs calendriers et les menaces de passer l’OM en 2èm division. Par deux, comme beaucoup de choses d’imbéciles.
« Bonjour, nos aimerions vous parler du Christ »
5 minutes plus tard, ils repartaient après qu’on leur fit remarquer qu’il serait judicieux de commencer par donner l’exemple avant de la ramener, le Christ n’ayant assez probablement jamais fait de prêche en descendant de sa Renault 5.
Après quoi, ils laissèrent la voiture cachée dans le tournant et vinrent à pied pour faire style.
En fait, je m’appelle Ismaël (noooon ?). Mes frères et sœurs, demi, quarts, écrémés, demi-secs et autres répondent aux noms de Sadrach, Asnath, Tseruja…Je vous épargne une demi-douzaine, mais ça prouve une chose : mes parents avaient eu l’œil vif quand ils ont lu la bible.
Ils se sont aussi posés des questions dessus. Le dernier souvenir des témoins de J. que j’ai, c’est de les voir repartir piteux après s’être fait casser la bouche dans leur propre domaine, remportant leurs bibles raturées comme ça les arrange.
Seulement voilà, j’avais pas une génération pour me débarrasser d’un mormon qui vient s’assoir à côté de moi et me reluque du coin toutes les 3 minutes comme si j’avais les seins de Reon Kaneda.
Les religions, établies ou non, m’intéressent comme objet d’étude, sur l’être humain et son fonctionnement, mais ces faux-culs homophobes me débectent quand ils essayent de rentrer dans ma sphère privée, comme avec les 10 personnes qu’ils ont accostées dans la rame.
« Every step you take forward is a génération back to us » – As Friends Rust
Moi, j’avais la haine, moi le pauvre, le sodomite, le chevelu, moi l’immigré volontaire, qui conchie leurs valeurs quand bien même je serais pourtant assez conservateur. Dieu m’empapaoute, que j’aurais aimé avoir du Kloug sous la main pour maculer leurs chemise blanches et ces petites plaques à la con.
« We are the ugly, we are the gay »
Mais que faire contre cette technique ? Ils sont smarts et yuppies, agressivement polis et souriants, insistants, vous ne pouvez rien contre eux sous peine d’être le méchant.
Finalement c’est un grand père qui les a tous niqués : il a conversé avec eux, les a attirés sur son terrain, celui du quotidien difficile, et ils ont juste pu en placer une ou deux ainsi que des prospectus avant que le vieux ne sorte du train. Là, narquois car faussement désolé ou absent, il a éteint la flamme dans l’œil des crétins en allant nonchalamment vers les poubelles ranger précieusement les nazeries des jeunes fifres.
*Poum*
PS : Au lieu de lire ce blog, lisez plutôt » Days of War, Nights of Love « , avec de beaux textes (et d’autres chiants) sur comment fabriquer des abris de survie sauvage dans les poubelles de McDo, ou apprenez pourquoi l’hygiénisme est une concession facultative à l’asservissement sociétal capitaliste.