Un accident est vite arrivé (proverbe corse)
Quotidien banal :
*8h: je me réveille par hasard.
Le réveil devait sonner à 6h30, il est en train de bourdonner salement comme Maya l’Abeille sous Zoloft. Pas de chance : hier je suis allé boire un ou deux verres de bière avant le shochu rocks avec Ken-chan (coloriste pour bourgeoises a Ginza), et j’avais décidé de compléter avec le shochu de la maison en regardant ce film extraordinaire intitulé Sodom The Killer. Une référence du cinéma mondial de demain, pour sûr.
Résultat : 10 minutes pour prendre la douche et oublier presque tout dans le sac, sauf le superflue.
10 minutes plus tard, je suis en surplomb d’un décolleté d’une gamine de 13 ans dans le train et je regarde. Malaise…le local contamine ?
*8h29 : 1h27 de train.
Les ménagères me regardent en pensant « vé comme y craint le gaijine là, té, avec son ordinateur sur les genoux et le casque sorti de Tron écrasant sa coupe de caniche, té, y a pas l’air d’un gros flan, tiens ! »
Je regarde un film ULTRA LENT sur des militaires dépressifs dans une caserne en Corée. J’ai envie de me pendre mais un acteur le fait avant moi, à la porte des chiottes, avec les lacets de rangers. Fin misérable du jour.
*9h59 : Tous les élèves du cours de 10h font « Ahhhh » quand j’arrive.
Le cours est sympa, et je stresse (leitmotiv de la semaine) déjà sur la suite…Gagné : Le groupe suivant est en retard. Les ouvriers posent des clims dans les nouveaux locaux de l’école, je balise, tout est décallé…je n’aurais jamais mon train.
*12h45 : C’est rapé pour arriver à l’heure dans mon autre école.
Les lignes Odakyu, c’est du train au lance-pierre, des accidents comme des sushis sur un tapis roulant, un personnel souvent désagréable et ça pue l’humidité sauf si tu mets le prix, à croire qu’ils ont tous été formés en France.
J’annule ma première leçon depuis que je bosse en école ; la directrice me pourrit, les élèves ont attendu 1h30 pour rien. Je la comprends mais j’ai les boules contre tout le monde. Vengeance d’envergure : Je fume une clope histoire d’avoir mal au ventre et rentre à la maison.
*15h37 : j’achète des aubergines, des pèches et une énorme goya chez la légumière, qui insiste pour me faire savoir que ce n’est pas un concombre (atteint de la syphilis ?).
Après un petit blabla sur mon origine, ce que je cuisine et ma situation maritale (assez pour permettre à tout le voisinage de faire des plans sur la comète pendant au moins 15 jours), je rentre cuisiner un goya champloo végétarien du meilleur effet :
- 1 goya, tranchée, épépinée.
3 aubergines détaillées en lamelles horizontales
1 oignon tranché en long
2 gousses d’ail écrasées puis hachées
5 tomates cerise coupées en moitiés
1 cuillère à soupe de vieux kimchi
2 œufs périmés
Dashi, mirin, shoyu, awamori, huile d’olive, eau. - On présale les aubergines et la goya 10 minutes, pour dégorger et enlever l’amertume. Puis on rince la goya et presse sans rincer le jus âpre et brun des aubergines.
- On chauffe la poële huilée et fait sauter les aubergines, puis les oignons, l’ail et la goya. Après 3 minutes, on baisse le feu et ajoute les dashi, mirin, awamori et mouille le tout après ajout des tomates et du kimchi.
- Tourner de temps à autre. Quand le mélange a réduit, que la goya est presque cuite, cassez les œufs dedans et brouillez le tout.
Laissez refroidir un peu, c’est meilleur froid, voire glacé.
*17h20 : le ventre plein, je me dis que je n’aurais pas du me faire une salade choux émincé-goya crue-mayo en entrée, alors que je trottine gras comme un tanquin dans la chaleur estivale qui me fait sentir poisseux comme si un groupe d’adolescents rageux avaient fait un comédon-bukakke sur ma pauvre personne .
Je me dis que j’aurais du annuler mon rendez-vous à l’Apple-store de Shibuya, que j’étais déjà assez con d’acheter une merde d’iPod à ma copine alors que les Coréens font mieux pour moins cher, et que c’est pas la peine de se couvrir de honte en amenant un écran cassé au SAV en espérant faire jouer la garantie.
*18h31: je sors du magasin avec un nouveau iPod.
« on ne les change pas, mais vous avez l’air trop autoritaire pour que je discute avec vous et puis Apple se fait tellement des couilles en or ici qu’on vous en donne un autre. Pour les pipes, voyez le comptoir 2″.
Ah.
Faut dire que j’avais préparé une mine pas jojo (c’était pas dur, aujourd’hui), et décidé de ne PAS parler japonais. Niet. Nib. Keud.Yada.
Le Japonais qui comprend que tu comprends (juste un peu) en profite pour te sortir sa salade à base de « ee….toooo….nanka….moshi… » entrecoupé d’inclinaisons de la tête à 39,4 degrés vers le bas gauche et autres grattements du cervelet qui veulent dire que c’est le moment d’insister ou d’abandonner, bref, de montrer si tu es un dominant ou un dominé dans la société. Généralement, au premier mot que je prononce en japonais, le vendeur me regarde comme si je portais le costume de bambi perdu dans un ball-trap.
Donc, je me suis placé d’emblée dans le rôle du colonisateur agressant qui refuse l’assimilation par la langue, celui qui donne des sueurs aux vendeurs, qui est illisible et trop lisible à la fois, un fléau des subtilités, le charnier des bonnes volontés.
Et j’ai eu un iPod neuf, comme un gros connard…
*18h32: j’appelle Taiki qui bizarrement sort assez vite du travail et est tout aussi bizarrement presque à l’heure du rendez-vous alors que j’écrase ma énième Peace© pour éviter des saigner trop des yeux en voyants le défilé des oiseaux rares (pulpeuses affubles de lèvres comme des pneus, pulmonaires office-ladys d’opérettes, voluptueuses chagasses des banlieues en sortie urbaine, timides à gros seins et lunettes, etc) mais aussi des ineffables gargouilles masculines filiformes coiffées comme des perruches sortant d’un container transatlantique qui leur tiennent parfois la grappe.
On part boire un café (très bon, pas cher…étonnant) et déblatère sur l’amour, le travail, la typographie…
*21h02 : suivant l’inévitable règle dite « de Casano » des 3 C (« café, clope et chiottes ! »…amis de la finesse, ce blog est votre fosse commune) , j’en profite pour voir la fin par deuxième suicide de cet éprouvant drame militaire coréen, un portable sur les genoux.
*22h56 : Chiaki appelle de l’hôtel où IBM la tient prisonnière cette semaine, tel Peach dans Spermario…(Manque une lettre, mais ou ?).
C’est une bonne parade pour faire « entreprise généreuse et impliquée dans la qualité des rapports humains » alors qu’en fait, c’est parfait pour être sur que vous aurez tout le monde à la réunion du soir pour la présentation le PowerPoint des prévisions d’une simulation zetta.
Elle me manque…J’ouvre le frigo et le dégoût me vient en voyant une bière qui traîne. J’ai trop bu tous les soirs depuis une semaine, mon foie reconnaît instinctivement son ennemi.
OK.
Je vais bloguer, alors.
(Ça pue le misérabilisme trentenaire et la banane écrasée à plein nez, tout ça.)