
On ne peut pas être tolérant pour tout, et d’ailleurs, la tolérance, y’a des maisons pour ça, comme disait mon vieux et vénéré prof d’allemand, M.Gérard Pistre, qui parlait si bien de Schiller qu’aux commissures de sa bouche asséchée par la passion et l’accent biterrois naissait de petites quenelles de substance blanche, miction désormais sèche qu’il chassait d’un coup de doigts, provoquant notre effroi qu’il puisse poser une main bienveillante sur notre épaule alors qu’il passait dans les rangs, venant du fond.
Mais qu’est-ce que vous avez toujours besoin de vous retourner comme ça ?
La passion, la bave et l’effroi, on y aura eu droit ce mardi soir où j’arrivais à annuler 2 leçons pour voir le concert avec Chiaki et Akage.
Pour ce qui est d’Akage et de sa face rousse et filandreuse de pirate cosmopolite, je ne me fais pas de soucis.Il avait une casquette d’une couleur incertaine, ça protège et donne un vague air authentiquement « crust-à-chiens » au personnage, alors que moi je suis franchement « crust-de-salons ».
Mais là n’est pas la question : il écrit bien, faut lire son ancien blog (parce qu’il n’a encore presque rien écrit sur le nouveau) et remarquer qu’il fait de bonnes photos avec son appareil à 15000 (ça c’est moins crust, du coup…). Et en plus, il est sympa ! Que dire ?

Chiaki, s’il lui arrive d’être moins sympa quand un truc lui déplait, s’est très bien tenue. Personne n’a été blessé.
D’ailleurs, avec les barrières de sécurité, je ne vois pas trop comment c’eut été possible. D’aucunes sous-merdes ignorantes de tout parmi vous l’ignorent surement, mais la vocation éducative de ce blog va vous sauver : un concert de hardcore n’est pas censé intégrer la notion de « barrières ».
L’idéal est que le groupe joue dans la fosse, ou plutôt sur l’absence de scène, avec une proximité/promiscuité directe du public qui casse son matos, tire le micro à lui pour brailler lui aussi son amour de ta maman et son rejet du capitalisme opprimant les masses laborieuses, marche sur les pieds et les pédales du groupe, te colle de toute sa sueur en bougeant hors rythme, mais essentiellement de la tête, mais sans ces cheveux ridicules des gens qui aiment les solos de guitare.


Bon, en même temps, c’est fini 1988, et une scène peut présenter un certain confort, à la fois pour le public (nombreux) et les musiciens (pareil).

Mais comme sur TF1, avant de parler de musique, parlons d’argent :
Déjà parce que le prix du concert est traumatisant : 6000yens les 4 groupes, c’est trop. Certes, la salle est (froide et) classe, mais je doute que les groupes soient vraiment tant payés que ça.
Après être descendu l’escalier, ça piétine. Pourquoi y a t’il 2 files ?
L’une, vide, mène à la salle.
L’autre, où ça bloque, mène à la distro, où tu peux acheter les CD, DVD, t-shirts, sweats, badges, auto-collants (il est pas né le groupe à qui j’achèterais un autocollant !) avant même le concert, pour te déguiser en fanboy. Très punk, voui !


Heaven In Her Arms ouvre le bal : puissant, racé, énergiques, mais un set froid comme un cercueil sans doublure satin. Introverti et massif, le public fait de même.
Étonnamment, ma copine ne fuit pas : c’est pourtant son premier concert du genre, elle est loin de partager mes gouts musicaux (nous ne nous connaissions que depuis 3 jours qu’elle me prêtait un disque de MrChildren, c’est dire) et je ne pense pas que la vue du hxc-fashion-show (t-shirts Born Against, badges For The Living, tout ça) ne l’impressionne plus que ça. C’est la magie de ces müzikes : le live change tout.

Arrive Z, avec un long discours pour dire qu’ils sont hyper super méga trop contents, mais avec plein d’explications en plus.
En fait d’ « ils », c’est plus « il », l’omnichanteur-clarinetto-saxophoniste (ouais, les deux en même temps, no shit !), accessoirement comédien-mime-onirique-tragédien-grec à ses heures, et c’est pas les heures qui manquent.
C’est pas foncièrement mauvais, mais c’est juste qu’ils ont trop de chanteurs (oui, un seul, mais il compte pour 20) et qu’ils ont un peu de mal à se situer musicalement (je manque de références aussi : Victim’s Family+ Les Favy Fav + Cerebrus Shoal ?) et que leur bassiste ressemble à un grand singe. Sinon, tout va bien.


Ah ouais, ils ont 2 batteurs, mais ils arrivent à peine à la moitié de la puissance de celui de Catharsis. Dommage, ça aurait pu être intéressant.



Le chanteur d’Envy n’a pas grandi depuis leur passage au Chochol Sporting Club Granettois (c’était quand, merde ?), et leur musique passe désormais à la télé, mais ça reste de la balle. Certains se fatiguent des grandes montées en puissance, moi pas.
(Par contre, les clones se multiplient un peu trop dernièrement, dommage…)
Set puissant, maitrisé, émotif. C’est bien, mais ça reste un peu sage.

Portrait of Past, ça m’avait un peu gavé d’entendre parler d’eux à l’époque d’HeartattaCk, parce qu’ils servaient sans cesse de référence pour chroniquer d’autres groupes, mais finalement, c’était bien bon : c’est plus subtil que ça en a l’air, moins chiant que ce que ça pouvait laisser prévoir, bien rock’ n’ roll sur les bords (ne serait-ce que les fringues des guitaristes, Chemise à jabot vs. Gilet de croupier mod).
Assez moderne, contre toute attente.

Voilà, veni, vidi, acheti des t-shirts finalement aussi, puis retour à la zonmé. Yo.