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de l'art de la rubrique nécrologique spéléo dans la presse régionnale, Evangelion s'invite au Hanabi, Haine ordinaire, l'Übermensch c'est pas moi, L'été de la mort, Last gleaming on Kobol, les feux d'artifices pour compenser les éjaculations du slip, les suicidés sont des imbéciles, mort des cigales=renaissance du cortex, Pénétrer tous les trous du monde, rêves humides de chaos social, se faire larguer avant le 21 juin
L’été, je déprime.
Mystiquement parlant.
J’ai envie de rien, envie de tout. Sentiment de petitesse. Envie de la fraicheur d’une église, envie de connaitre le Dieu qui y habiterait pour mieux le défier, envie de le sentir ou d’en éprouver l’inexistence, envie de comprendre ce qui pousse les imbéciles vers lui, envie de crier ma supériorité face à ce peuple de connards qui ne le méritent pas.
Et pourtant, avant tout et en permanence, le doute: doute qu’il existe, doute que tout cela ait un sens, et la haine, haine de ce que les humains en font, haine de soi-même, dégout de l’Homme, tourmenté, partagé, que Nietzsche décrit avec tant d’élégance sans savoir s’en détacher lui-même, élan brisé par l’auteur, l’impossible Übermensch, et quand bien même, pour quoi faire ?
Haine de sa nature humaine qui s’invente des sur-êtres pour se déresponsabiliser, fuir la réalité qui tord les nerfs, prendre le pouvoir, assoir sa domination, contrôler les masses. Le pouvoir, les églises, les hommes. Les femmes, à part, masse d’ovaires serviles. Un jeu sale.
Écrire sans recul, vivre sans recul, angoisser parce qu’on n’y arrive pas, trouver son excitation de vivre dans cette angoisse.
Et si le chaos social pouvait survenir au coin du farniente ? Le suicide social en guise de suicide pathétique, éclaboussant le devant du train. L’été des suicides, les suicides de l’été, je comprends. Mais même ça n’a pas de sens. Ce n’est pas assez sophistiqué. C’est idiot. Ces idiots. Je les envie un peu.
Se brûler au lieu de brûler les églises. Après tout, ce serait dommage, il y fait si bon.
Les étés, je les ai presque toujours vécus comme un moment solitaire, une oasis cérébrale, un plaisir coupable de se mettre sur OFF et expérimenter l’aliénation religieuse, millénaire.
Dehors, la chaleur écrase, la chaleur empêche le cerveau de fonctionner correctement, et c’en est tout le bonheur. Combien d’étés oubliés ? Qu’as-tu fait entre la vie et la mort des cigales ? Presque aucun souvenir. Je connais Meursault, j’y étais.
Glander rend fou, ou mou. Le travail devient nécessité, comme échappatoire. Mais un travail dur, physique.
Des années à guider des touristes dans la fraicheur des grottes, à monter et descendre sur d’obsolètes cordes de 10 millimètres durcies par le lavage et la boue. Des trous connus, des heures d’attente dans le noir, à couper la lampe frontale et à attendre que le hollandais qui s’essouffle comprenne comme marche un jumar, alors que tous les autres l’ont compris, mais qu’il faisait le fier-à-bras , n’écoutant pas, posant pour la postérité familiale, une stalagmite entre les jambes.
Des années à penser à ce qui se passerait si je tombais, le corps qui rebondit sur les parois de calcaire, les filles du groupe qui pleurent, Spéléo-Secours qui arrive 4 heures plus tard, la presse qui écorche ton nom dans la nécrologie.
Ici, je compense en faisant du sport, il faut que ça sorte, toute cette frustration, toute cette colère, toutes ces peurs.
« All this fear, all this anger, a new world to be born ».
Mais aller chez les parents bosser dans les trous évitait aussi de penser à tous ceux que j’aurais aimé pénétrer si j’étais resté en ville, cauchemar des hormones. Qui plus est, je gagnais de l’argent alors que là, j’en dépense.
L’été me déteste. J’en suis le centre, et les filles me narguent de leurs jambes, de leur sourire, de leur frivolité, à sortir avec tous les pires crétins de la terre tout en me laissant sur le carreau.
Des années de célibat estival, un training spartiate, non pas tremblant, l’hiver dans la montagne, nu parmi les ours, mais suant sous l’été écrasant, lâché au milieu des chattes. Se faire larguer avant le 21 juin, trainer sa frustration comme une oriflamme pendant 2 mois, un drapeau flottant au vent, orné de l’avertissement suivant : « Crève la dalle ! », en lettre d’or sur organdi rouge menstruel.
2 mois entre espoirs et tortures, une vie sexuelle façon révolution tchécoslovaque, entre désir, soulèvement de la masse, explosions dans un mouchoir, répression et désespoir.
De fait, l’été est un temps passé seul, célibataire ou pas. C’est dans la tête. C’est le temps des amis et du pastis en jouant aux boules sur la placette d’Aiguèze, en hallucinant qu’après toutes ces années à vivre là, on ait encore des choses à se dire.
3 ans de Japon. 3 ans à rester toujours avec la copine. 3 ans sans vraies coupures.
Quel que soit l’amour qu’on éprouve, je me fatigue l’été.
Last gleaming on Kobol.