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la vie à deux use un peu autre chose que ton frein, Le Japon est un facteur de vieillissement accéléré de ta sale gueule, les Suisses ne mangent que des patates et du fromage, mère juive et punching ball, Mes aiselles sentiront le thym frais, setagaya, trouver un travail raisonnable au Japon, vacances j'oublie tout, voyages voyages !
C’est lourd, un post plein de feuilles mortes ? Qu’à cela ne tienne, rajoutons un peu de texte. Lourd aussi.
Je pars en Europe ce mardi 21 décembre, pour 2 semaines. Comme on l’aura compris en lisant vaguement entre les lignes des posts, ces derniers temps, ma vie personnelle aura été assez mouvementée, et j’attends beaucoup de ces vacances. Ce seront en fait les premières d’une telle durée depuis 3 ans, depuis que j’ai mon visa de travail, seul de surcroît, et le premier voyage en Sarkozie, aussi.
Je ne pensais pas qu’en commençant à travailler plus ou moins sérieusement, j’aurais autant les pieds et poings liés par les horaires des écoles, conditionnées par la demande des étudiants, et par les contraintes économiques. En gros, tu ne bosses pas=tu n’as plus d’argent. C’est tellement logique, et pourtant, qui peut considérer que ça représente la situation à laquelle on aspire ? Autant j’aime mon travail, autant j’en sens le poids horaire et financier de manière assez puissante.
Au retour, des choses doivent changer. Je cherche désormais un appartement dans l’arrondissement de Setagaya, sur les lignes Den-En-Toshi ou Setagaya. On ne sait jamais, si un lecteur (vous êtes entre 120 et 220 par jours, et je vous en remercie, vu la pauvreté du contenu) avait connaissance d’un bon plan…
En janvier commencera aussi la recherche d’un emploi d’un poste en collège, lycée et université, quoique je n’ai quasi aucun espoir de parvenir à quoi que ce soit, malgré la licence de FLE désormais en poche. Le piston prévaut plus que jamais….mais si je n’essaye même pas, les chances sont vraiment inexistantes, et il est temps de se donner un coup de pied au cul. A 33 ans, je vis toujours, très générationnellement, mais quand même, comme un ado attardé. C’est bien gentil d’avoir 18 paires de baskets dans 30m², si t’as pas une Rolex chinoise à 33 ans, t’as bon goût, mais ça ne suffit pas.
Donc, il va falloir se ménage un accès à plus de reconnaissance sociale, et la rémunération qui suit. Il faudra surement vendre un peu ses fesses, mais c’est ça aussi, devenir vieux. Et qui n’a jamais rêvé de vendre un peu ses fesses ?
Je fonde sans doute trop d’espérance sur ces vacances. Peut-être que je rentre juste avec 5 kilos de plus, durement gagnés à coup de fondue, fromage suisse, patates, raclette, viande des Grisons, patates (double ration), foie gras et autre délice. Ou peut-être je reviens avec des idées plus claires, ressourcées par les avis et conseils de ma famille, détendu par l’oisiveté, sentant bon l’air des alpages et le thym de Provence (alors que là, je sens la banquette d’Odakyu et l’ojiisan), débarrassé de considérations nippo-japonaises à ras du tatami, du genre qui te font hésiter mille fois sur tout et choisir la solution la moins pire. Retrouver un peu de panache.
Ma copine reste au port. Les bonenkai et les meetings-buvatoires de fin d’année ont gagné ; ajoutons à sa décharge que les entreprises japonaises ne laissent pas vraiment le choix : c’est pendant cette période que ta capacité humaine réelle est évaluée et conditionne ton avancement à grand coup de choppes de bières. Tu bois bien, t’as choisi le bon bar, t’as été un bon camarade, t’auras un bon poste dans le proche remaniement du service. Attention, ça ne marche qu’ici, pas en Europe : choufe Borloo, il s’est fait avoir. Allez, un dernier pour la route…
J’espère que ça va faire du bien aux deux. Jusqu’à cet été, je n’avais pas remarqué combien c’est parfois dur d’être toujours l’un sur l’autre, psychologiquement comme spécialement, et combien ça casse lentement l’envie d’être plutôt DANS que SUR. C’est une bonne chose de vivre ensemble, d’essayer, de s’engager, mais vivre dans un espace si petit et avec si peu de jours de repos, c’est hardcore. Si, ça joue.
Si j’ai envie de vivre seul désormais, ce n’est pas seulement pour ne pas sentir la pression d’être toujours à côté de quelqu’un, pas seulement pour faire le test inverse (les sentiments survivront-ils à ça aussi ?) mais aussi pour retrouver le plaisir de se retrouver avec quelqu’un parce que je l’ai choisi. Retrouver le plaisir de l’invitation, du ménage fait pour accueillir proprement et non par peur de se prendre une crise.
Et un vague espoir de favoriser l’indépendance morale… je pense qu’elle a besoin de vivre un peu seule, sans tutelle (passer des parents à moi, mère juive à mi-temps, ça n’aide pas), sans punching-ball. Elle a changé, moi aussi. Qui vivra bien verra. Qui le vivra mal aussi.
En tout cas, j’ai laissé s’abimer trop de relations auxquelles je tenais pour ne rien faire.
2 semaines à bouffer, conduire, parler français, parler schwiitzerdütsch, revoir la famille, revoir des amis, rire, boire, fumer, dormir, tailler les arbres, acheter des souvenirs, imaginer comment passer la douane avec le fromage, éviter de revenir fauché, répondre mille fois à l’imbécile question « Alors, comment ça se passe là-bas ? »…
J’ai hâte.