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Back to za city of the flamboyantes bitches, connard social 2.0, Embrasser un barbu après une partie de domino, it's a trap !, Japon et chaos dentaire, La CIA pose des micros dans mon anus pendant mon sommeil, Le retour à Tokyo, Napoléon réclame la clim, pintade de bureau, pisser dans la bouche des fonctionnaires, Renouvellement de visa en mode hardcore, Se suicider avec un tupperware, show this to za compagny, Toi y'en a comprendre ?, tous les indiens ont des moustaches, Trop snob pour l'iPhone
Le retour à Tokyo, c’est aussi un gros stress et une constatation/confirmation : celui que je ne suis plus heureux avec la fille qui m’a amené au Japon. Ce n’est pas faute d’avoir essayé, autant elle que moi, mais les décisions sont dures à prendre. J’en ai encore mal au ventre.
[édit ferroviaire : Oh vache…la fille en face de moi…certaines personnes ont reçu au berceau un don du ciel. Elle aussi, mais ça devait être un météorite dans les dents. Whaou…Elle a de la chance d’habiter au Japon, où le chaos dentaire est largement toléré. Et moi, je pense que je vais rester seul un temps.]
D’autant qu’après une petite bataille administrative et linguistique, j’ai obtenu un prolongement de visa de 3 ans.
C’était inattendu, 3 ans ; en janvier, je pose la demande. L’employée me pose plein de questions concernant les taxes et la retraite, et pourquoi ce n’est pas mon entreprise qui fait la demande, blabla.
Je sens son incompétence m’éclabousser comme une pluie de couilles dans une soupe à la courge (ouais chuis un poëte maudit). Mais je n’aime pas les gens qui tapent sur les fonctionnaires par principe, sans rien y connaître. On force déjà ces gens à s’habiller tellement mal que ce serait vraiment trop sadique.
J’aurais du, j’aurais pu…Une première lettre me demande un papier que je ne comprends pas. J’y retourne, explique, on me donne une fiche d’instruction avec tant de kanjis dessus qu’au début, j’ai pensé que c’était la version taiwanaise (Taiwan, le pays où la vue passive d’un journal suffit à t’hypnotiser), je la montre à tout le monde et PERSONNE, ni bougnoule blanc ni nipponisthanais de souche, personne ne comprend de quoi ça parle.
J’y retourne passablement remonté et décide qu’il est temps de justifier le cliché du métèque qui fait peur : en parlant uniquement anglais, en bannissant absolument les mots d’excuse de mon vocabulaire et en sautant par dessus comptoir pour mieux pisser dans la bouche de la vilaine à combo chaussette presse-molets + mocassins mi-talons à fermeture éclair. Enfin, presque. J’ai abandonné, c’était un falot de sexe probablement masculin. Qui me redonne un papier. Et me dit qu’il faut que je show this to za compagny of staff, etoooo, compagny staff, and send back, etooo neee….
– OK, bouge pas, je le faxe immédiatement !
– Uh ?
Je scanne le texte avec mon téléphone portable de merde dont la batterie dure désormais 10 minutes (au bout de seulement 16 mois, c’est dire si c’était de la qualité pour 84.000 yens, ça m’apprendra à être snob et ne pas prendre un iphone comme tout le monde) et je fais une recherche des kanjis avec google translate, la référence de la poësie absurde en ce bas monde.
Round 2 : j’y retourne.
Bon, tu listen to me, ducon, voilà : j’ai PAS moyen d’obtenir ton papier de merde ; Personne dans mon école ne comprend, Google m’a traité de fils de pute quand j’ai tenté une recherche, la CIA et ses plombiers sont en train de monter une opération pour poser des micros dans mon anus pendant mon sommeil, au cas où, et je crains qu’ils ne soient pas déçus s’ils cherchent des trucs interdits par la convention de Genève, alors you take conscience que JE PAYE TOUTES MES TAXES ET FACTURES tout seul et que je suis un bougnoule du Japon sans tous tes avantages de fonctionnaire à la con.
Alors le gars, qui ressemblait de plus en plus à un ballon de plastique abandonné dans un terrain vague (mou, terne, roulé dans un coin, piteux) me dit qu’en fait après « re-examen minutieux » (c’est le terme pour « feuilleter » chez les gens de sa race) de mon dossier , tout à l’air en ordre et je n’ai plus qu’à attendre ma carte postale la semaine prochaine, promis, juré, j’m’ouvre les veines avec une spatule tupperware si j’mens !
Cherchez l’intrus.
Oui, malgré le boom de l’ipad et les toilettes qui te susurrent des mots doux à ta rondelle d’amour quand tu sproutches du chutney comme un bègue indien, c’est un pays qui t’envoie une carte postale pour te dire que ton visa est arrivé.
Ou pas.
Je reçois un papier ambigu : « Veuillez vous présenter pour voir comment qu’il va votre visa et boire un thé à la menthe avec des macroute, des zharbalia et des loukoums, mais pas de cornes de gazelle, ça c’est supplément 2€, mais si tu veux, on fera une partie de domino pour compenser et on se fera la bise en partant ».
C’était alléchant. J’adore embrasser des barbus.
J’arrive en conquérant, jeune et yuppie, face de connard social 2.0, tête haute mains propres, mode Kenny Powers vs l’administration.
« Bonjour, voilà mon papelard. Ça veut dire oui ou non ? », demandais-je à l’anorexique tronche d’agent immobilier recalé pour avoir trop sucé de pastilles au citron vert.
« – Avez-vous le timbre ?
– Oui-da, le voici, sombre gargouille de dossiers partagés, pauvre merdouille laissé pour compte de la technologie moderne, le voici, t’es content ?! »
« Remplissez ce papier », rétorque-t-il en jetant un formulaire sur la banque et en allant promener son altière allure de porteur de sac banane Prada ailleurs.
Et c’est là que ça devient formidable : il est 16h35. Le bureau ferme sous peu, et je vois l’autre face de branche de céleri administrative faire le tour des bureaux de derrière, attendant en vain qu’il revienne. Le tour de TOUS les bureaux, et JUSTE le tour : il ne fait même pas semblant de chercher un truc, sinon de perdre le plus de temps possible en musclant ses molets de pintade de bureau.
Soudain, il revient et s’occupe d’un grand indien qui trainait par là et attendait aussi depuis une plombe. Et ignorant mes regards langoureux de psychopathe en sortie de réclusion, repars avec le passeport de l’indien, pour refaire un tour. En 3 exemplaires.
Le moustachu (tous les indiens ont des moustaches en puissance, c’est scientifique) et moi-même, n’ayant pas eu la malchance de grandir sous une table comme 80% de ce pays, observons son petit footing d’un air assez décontenancé. On discute, en rigole et puis l’Indien l’alpague et moi j’attrape un autre pâlichon qui trainait derrière le comptoir :
« Bon, alors Mister, l’autre employée là, il n’est jamais come back, c’est what ce travail ? j’attends un visa, j’ai all the papers, je can’t see za problem, here’s mon passport, you tell me NOW, please. »
Bredouillage, courbettes, bruitages divers : 4 minutes après, je repartais avec un visa 3 ans.
Thank you, come again !