Étiquettes
Cendrillon du ghetto, Clarence le palet doré du Tibet, Les japonaises sont vulgaires et vénales, pas d'idée pour les tags, Restaurants étoilés au japon, Robin le bucheron Isetan, Thierry Voisin
Avant-propos : ce chiffon virtuel a été écrit il y a quelques mois et j’ai tardé à le mettre en ligne. Le relire était une idée atroce, il en sort qu’il est atrocement inintéressant. Cependant, j’ai trop à faire pour vous offrir autre chose, donc je le poste pour éviter le déshonneur de passer sous la barre des 10 lecteurs. Merci de votre compréhension.
Toute histoire d’alimentation contient sa portion de cul, qu’on soit gourmet ou tractopelle à graillon. Ça rentre ou ça sort, mais bon…
Cette histoire commence face à la chiotte de la gare, où les filles font la queue. Elles sont prudentes : ce soir, c’est feu d’artifice, et on ne sait jamais, parfois, après le deuxième CC lemon, on a la vessie au bord de l’implosion, comme un hamster coincé tombé par hasard dans une soirée gang-bang chez des zoophiles. Mais ce qui suit n’est que poësie et finesse, pureté et blancheur, comme la feuille de laurier qui caressait mes fesses à défaut de la couronne que je mérite à vous écrire, ingrats trognons de pomme que vous êtes.
« Oh, mais c’est juste à côté ! », que j’eus le plaisir de répondre au Systolique qui me demandait « Où est-ce ? » à l’annonce de ce projet de diner chez Thierry Voisin. Oui, mais à côté de Yurakucho, à l’Hôtel Impérial, une des plus vieilles pensions de Tokyo. Alors que vers 7h, je pressais le pas en retard et donc en sueur, dans les rues de Roppongi blindées de jeunes et vieilles conasses vénales que sans doute seul l’argent fait encore mouiller.
Les 2 autres pieds- nickelés attendaient au bar du Grand Hyatt. Un Oban, une dunhill et ça repart. Je n’ai jamais compris pourquoi il faut prendre un taxi pour aller diner dans un hôtel, mais c’est surement un truc subtil, une superstition cachée ou un rite vaudou pour exorciser la langoustine, du genre.
Cet hôtel sent le vieux, la vieille gloire, il est taillé comme une carrière, voire les Celliers du Dauphin, leader quasi-mondial de la piquette à étiquette dorée.
Les lustres semblent cauchemardesques à nettoyer, les couloirs, prêts à accueillir le remarque de Shining ou un épisode de Colombo, ce qui tombe bien parce que Robin pourrait remplacer au pied levé ce bon vieux Peter Falk dont la cervelle est devenue passoire à force de filtrer les indices. Pauvre de lui...
Un Père Noël transsexuel au pied du sapin géant, un enterrement au fond du couloir et une entrée de resto trouvée au détour d’un couloir, mais un bon accueil, par le chef en personne, waouh !
Il est sympathique, la chevelure grisonne et il a l’air de savoir ce qu’il fait. En effet.
La carte est un peu déroutante, pas parce qu’elle surprend, mais parce qu’elle ne nous donne ni vrai dilemme ni vrai coup de cœur spontané. Les intitulés sont longs, l’image en bouche est complexe, incertaine. Le prix est assez complexe aussi, mais c’est prévisible vu le parcours, le savoir-faire, les matières, les étoiles.
Le cadre rétrokitchbanal déçoit un peu, en conséquence, on se dit qu’il mériterait mieux.
On ajouterait bien le service sur la liste des bofs, puisque sur la fin, il peine à suivre : le café arrive avant le dessert alors qu’il a été précisé « en même temps », la carte n’est pas proposée à celui qui à choisi de ne pas prendre de menu et le préposé au pain semble occupé ailleurs, à trier les épis, peut-être.Mais ce sont des détails. Qui plus est, que le chef vienne conseiller et voir si tout va bien est agréable. J’aurais bien aimé savoir un peu plus comment il vit sa situation au Japon. Il parle de chance et d’opportunité, mais que devient la vie privée là-dedans ? Un chef expatrié ne vit-il que pour son travail ?
[Pause de 48heures]
Voilà ce qui arrive quand on tarde : Clarence a posté son truc, je l’ai lu et c’est du bon, donc je suis absolument démotivé pour en parler plus. Pourquoi j’écrirais la même chose ?
Ah pi med’ ! Je continue.
Donc, comme le dit le boss, pas trop de superflu, d’amuse-bouche (je vais au resto pour manger, pas pour qu’on me chatouille, j’apprécie donc), non, du solide, du puissant, du tranché. Les goûts sont élaborés, mais net, vifs, le contraste clair et bien sentit, c’est la bonne surprise.
Je me demande comment ça passe auprès des Japonais, d’ailleurs ? La sauce du canard de Beauce est presque un peu trop corsée, alors imaginons ce que ressent l’ami Tanaka et sa bouche de dégustateur de nuances de riz par appellations géographiques ?
Que ne mourra-t-il pas d’une crise de diabète spontané en goûtant la glace au caramel qui surmonte la poire rôtie, elle qui baigne délicieusement dans une crème anglaise très réussie, mais que l’écrasante douceur de la boule vient ruiner ? Je ne suis pas porté sur le sucre, c’est vrai, mais là, c’est vraiment un peu abusé. Encore une fois, c’est au dessert que les grands restaurants perdent des points.
Robin cavale vers le train, le chef est parti se coucher, laissant Clarence sur son souffle, privé de l’occasion d’exercer son talent pour la flagornerie (j’adore !). On grille un clou de cercueil et on rentre.
[un jour plus tard]
Le GIRA GIRA GIRLS, Clacla me l’a vendu en ces termes :
[…]genre: Diner chez Thierry Voisin (du lourd, tout le monde me dit de me jeter dessus) et on poursuit du côté de shinjuku […] Je crois que j’ai l’endroit capable de nous faire marrer, au menu: Pole dance, stromboscope façon pachinko, et girl band rock énervé mais sexy sur une mini scène.
La bise virile, mais tendre, […]
Clarence.
This looks shoped !
Évidemment, ça fait envie...(À part le stromboscope, sans doute une sorte de trombononage façon stroboscope, j’ai pas creusé, je veux rester pur) mais le doute se fait sentir : en plein dans ce Kabukicho que j’exècre (le cul ne se paye pas, il se prend ! ), une entrée qui pue le bling-bling en plastique, des tarifs trop raisonnables pour ne pas pas cacher d’autres que tu prendras comme un train dans la face avant d’avoir vu venir, une impression qu’un sorcier cubain va y voler ton âme…je freine des deux pieds, la couardise de ma nature suisse ressort bruyamment.
Comme 3 gosses perdus dans Pigalle avec un billet de 50 francs, on hésite. Robin négocie vaguement avec son bagou de séfarade faussement égaré dans le salon du blazer en cuir (circa 1992), Clarence veut foncer et je freine des 2 pattes arrière.
On finit dans un Yakiniku qui sert des chips de viande congelée après un bref passage dans le Goldengai funèbre du dimanche soir.
Un laphroigh 15 ans d’âge, la très belle cape d’un Davidoff, des fruits secs et la vue de Shinjuku la nuit depuis l’hôtel Prince, un paisible petit lot de consolation, et on rentre.
On ne peut pas tout avoir.