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Your Hero Dies Today

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Archives de Tag: Japon

Le jeu de l’amour et des levures, 1.

07 vendredi Nov 2014

Posted by senbei in Bring Out Your Breads !

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baguette OHOHOH, boulanger du dimanche, ferment, fermentation, jacob, Japon, koji, levain, levure, miches passion, yaphet

Pain 7

miches-passion.com

Un titre élégant et un article bien vulgaire. Beware.

La fermentation est quelque chose que je ne maîtrise pas, comme ma mère ne la maîtrisait pas non plus. Son pain ressemblait plus à une brique tombée d’un mur de Charleroi qu’à un truc léger dans lequel tu as envie de te rouler et de faire des enfants après des préliminaires au Nutella.

D’où mon intérêt pour elle (=la fermentation. Ma mère, Freud et Noël s’en occupent), comme pour ce qui touche au ni cuit ni cru, ni végétal ni animal : champignons, levures, bactéries, mycoses vaginales, etc.

Pain 2Pain 1

MycosesPain de seigle

Cherchez l’intrus.

Le pain est cher, au Japon, autant qualitativement que dans l’absolu. C’est clair que ce n’est pas un gros producteur de blé, comparé à la France, et que si le Japonais moyen se met une quenelle dans l’œil lorsqu’il affirme que c’est parce qu’il n’en consomme pas, il n’en demeure que ce n’est pas la spécialité nationale.

Faudrait-il que je m’explique, que je dirais que les udon, soba, ramen, somen, okonomiyaki, takoyaki, gyoza et tempura (parmi d’autres) contiennent tous de la farine de froment, et que c’est presque l’alimentation quotidienne du Japonais. Oui, je vous vois venir avec vos sabots de charançons staliniens : ils mangent aussi du riz, mais ça, ils en ont conscience. Et des pommes de terre. Dans le même repas, forcément aussi équilibré que le cerveau de Mel Gibson (qui savait que se déboîter l’épaule à répétition menait à l’antisémitisme ? Hein ? Répondez à ça, les scientifiques !).

Le blé est caché dans tout (comme le Juif et le Franc-Maçon… euh… non) — comme en France, d’ailleurs : vous rirez en trouvant des « sirops de blé » dans vos sucreries sans farine —, personne ne sait ce qu’est le gluten, et de toute façon, tout le monde s’en bat les couilles, ça doit être un truc d’étrangers, comme le sida, comme vouloir mettre la main devant la bouche pour bailler, ou rentrer à la maison tôt pour voir sa flemme ( « nan mais tu te rends compte ?! Ta femme !!! Lololololol !! »).

Pain 16Pain 11

Pain 12Pain 9

Une série de pain en étoile, comme ton anus.

Revenons à nos bactéries : c’est une des spécialités nationales. Suffit de voir tous ces gens qui se grattent dans le métro, les neiges-du-crâne, les porteurs de crocs et chaussettes, et autres déflocages et désquamages intempestifs pour comprends que le Japon mène une course à la colonie avec le Shinbeth. Il y a plus de colonies dans un club de kendo que dans tout Jérusalem-Est, c’est un scandale.

Jambon cru de l'Ardèche

Jambon de l’Ardèche kosher.

Foccacia et saucissonChaource

Dans la cuisine, vous objecterez à juste titre que les mœurs modernes (=la flemme monstrueuse, puisqu’aucun n’oserait parler réellement de confort) ont tué une grande partie de la culture bactérienne domestique nippone. Les villages, qui se construisaient vaguement autour des éleveurs de moisissures (=kojiya-san), voyaient leur alimentation pauvre en protéine dépendre en partie des produits fermentés : Nihonshu, miso, amazake, nukazuke, tsukemono, natto, sushi, autant de produits qui viennent de la fermentation.
Il existe bien sûr encore de petits éleveurs et vendeurs, comme celui que nous étions allés voir avant Noël 2013 pour faire notre miso. Si ceux-là disparaitront sans doute dans une génération ou deux maximum (à défaut de boom), les gros continueront à produire, parce que les produits font partie de la culture nationale, fondamentalement (vous connaissez beaucoup de recette sans saké-mirin-shoyu-miso ? Que du fermenté.)

Lin

Graines de lin « homegrown »

J’avais fait du kimchi pour la première fois, vers 2003. Étant donné que c’est presque la même recette que la choucroute, ce n’est pas l’eau du Rhin (autrement dit : la pisse) à boire. Arrivé au Japon, j’ai plutôt appris à faire ce que je ne savais pas acheter, faute d’argent ou de disponibilité : rillettes, cottage cheese, tarama, houmos, ce genre de babioles. Puis Fumiko, une élève, m’offrit du miso fait maison, et j’ai commencé à en faire aussi, puis du rakkyo, des umeboshi, du raifort, des achards, des betteraves lactofermentées… et du pain.

Débordements

Débordements de joie…

Le pain, c’est (au présent) ma terreur : un processus que j’ai peur de foirer comme déjà tant de fois. Un truc absolument aléatoire, du premier levain à la miche finale. Tant de recettes suivies à la lettre, tant de foirages. Se réveiller à 4 h 30 pour donner deux tours ou dégazer, et avoir un pain immangeable quand même. Petit à petit, comprendre que la farine n’est pas la même, que la chaleur tournante du four ne peut pas être désactivée, que l’humidité de l’air fausse tout, que le cul de poule en inox ne donne pas le même pâton que celui en plastique, qu’au-dessus d’un certain poids, mes levains successifs (au seigle, au sarrasin, à l’épeautre, à la farine blanche de merde) n’étaient pas assez puissants pour faire lever des trucs de plus de 600 gr, que dès que tu ouvres le four il perd 20 °C, que 250 °C c’est sa limite « théorique » (230 °C en pratique)…

BriquePain carrelage

Pain mal cuitPain pas cuit

Tant de ratés…

Quelques compromis pour ne pas perdre espoir, de temps en temps…

Pain allemand

Petits pains allemands, aux graines de lin et au seigle, à la coriandre, pognes de Romans, etc.… à la levure SAF. Because fuck you.

Pogne

Pein seigle levain déshydratéPetit déjeuner 

Joie du petit déjeuner.

Le levain, ce truc vivant, il faut lui donner un nom. Mon premier s’appellera Jacob, du nom de feu mon oncle, pas le dernier des têtus sous sa coupe au bol de garçon milieu de classe devenu adulte barbu, à un moment ou les hipsters n’existaient pas. Un jeu de mots, aussi, sur le mot , levain, prononcé Kobo… fallait décider : (« Va pour Kobo ! » -> « Jakobo ! »).
Les levains sont censés ressusciter toujours plus forts, revenant des flammes de l’enfer comme Ikki dès que le boulanger shoune, mais bon… Jacob a dépéri petit à petit, comme son géniteur patronymique.

Pain 14Pain 13

 Vieilles croutes.

L’actuel s’appelle Yaphet, du nom du frère de Jacob. Yaphet, l’oncle anabaptiste du Canada, rustique, d’humeur doucement acide. Yaphet Kobo, qui joue parfois le méchant, parfois le gentil, mais toujours avec une certaine classe.

Et crie parfois aussi.

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Phrase de vieux culs n°122 : « Tu as une âme d’artiste, toi ! »

02 dimanche Nov 2014

Posted by senbei in Bring Out Your Breads !, Kultur Schokk !

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hoshigaki, isogashii mon cul, Japon, kaki, kimchi, matsuri, ogasacho, Shimada, Shizuoka

Pour ce qui est du reste du séjour du post précédent, c’est assez simple, puisque comme souvent : un mélange de choses dont je n’ai rien à foutre et dont vous n’avez rien à faire non plus.

meubles

Par exemple, un « free-market », où les créateurs locaux vendent leur verroterie. Tu as fait une fac d’art plastique et tu t’es mariée à un webdesigner, avec pour résultat d’avoir une fibre artistique frustrée et trop de temps libre ? Fait de minis-objets en bois, des boucles d’oreilles en laiton ou broches-animaux pyrogravées.

bouclesvieux à vélo

Parfois, c’est pas mal, d’ailleurs. La demoiselle ci-dessus faisait de très jolis bijoux fantaisies.

Disons juste qu’elle était la seule, perdue au milieu d’une troupe de tricoteurs de vêtements pour enfant, recycleurs imitant les magazines, vendeurs de café en salopette (WTF ?), vieux meubles design, miniplantes en minipots, etc. Le public ? Des hipsters en couple et en habits de montagne. Sympathiquement déprimants. Bon esprit, ce qui déclenche en moi l’inverse.

Amoncelés

Il n’y a pas que mon jardin qui est à l’abandon : celui des parents de ma compagne aussi. À force de se demander pourquoi, elle-même en est à faire des guillemets avec les doigts en disant « isogashii »*, tellement on ne voit pas comment regarder la télé quand il ne pleut pas peut être plus important que de tailler les arbres ou ramasser les kakis.

(*ils sont « occupés »)

Pelés

Les kakis âpres ne le sont que pour un temps. Nous, Occidentaux, attendons qu’ils gèlent pour les déguster fondants, mais les Japonais n’aiment pas ces textures mielleuses et veulent du kaki dur comme mon priapisme matinal. Voilà pourquoi on préfère ici les variétés fermes. Vous lirez ces jolis articles pour un topo plus complet :

http://www.lemanger.fr/index.php/la-magie-du-kaki/

http://www.lemanger.fr/index.php/hoshigaki-le-kaki-seche/

http://www.lemanger.fr/index.php/kakis-seches-faits-maison/

Pour les kakis âpres, nous avons décidé d’en faire sécher. Pas pour moi, parce que vu la quantité de noyaux qu’il y a dans cette récolte (un vieil arbre + une variété spontanée, je pense), ça sent le cassage de dents ou le calvaire à manger. N’empêche qu’on en a pelé une centaine et fait quelques guirlandes en chantonnant La Ventura, jusqu’à avoir les mains noires.

Suspendus

Le deuxième projet, le mien, était de faire du kimchi de kaki. Vous lirez cet autre article pour savoir comment ça marche :

http://etrangerecuisine.canalblog.com/archives/2012/01/23/23302822.html

Feignasse que je suis, j’ai juste acheté de la base de kimchi toute prête. La magie du truc : l’astringence disparaît complètement après 30 minutes de marinade au sel. C’est fabuleux.

préparation

Pour l’instant, la lactofermentation n’a qu’à peine commencé, donc l’ensemble est très doux, et pue fort l’ail et la sauce de poisson.

Fermentation

Aller à Shizuoka, c’est aussi l’occasion de voir la famille. Par exemple, la très dynamique et casse-burne-quand-elle-s’y-met tante Murai, head of the supérette locale, veuve, cultivatrice de rose en dilettante, reine du je-m’invite-à-manger (y compris si c’est pas l’heure de dîner… mais encore une fois, comme le constatait RP : le monde appartient à ceux qui ne doutent de rien).

Superette

Cette fois, elle se contentera d’un passage éclair pour dîner et annoncer qu’elle avait l’intention d’organiser un omiai (rencontre arrangée en vue d’un mariage) pour la grande sœur, présentement en poste à Okinawa.

J’en ris d’avance : quand elle passe à la maison, ladite soeur reste sur le net toute la nuit, ne se nourrit que de sucre et a les dents qui vont avec… Ça va être tendu de la faire passer pour l’épouse idéale auprès d’un mec de la campagne profonde. Et elle qui a habité au Canada, à Singapour, Bali, Bangkok, ça va lui faire plaisir de passer 45 minutes assises en seiza face à un salaryman qui transpire de n’être jamais sorti de la préfecture. Bref…

Saké

Y’a pas que la tante, heureusement. À Ogasa habite une autre tante, qui recevait une autre tante. Vous suivez ?

C’est dur à imaginer, tant d’enfants, à l’époque ou plus personne ne veut en faire parce que c’est chiant à élever, qu’un petit chien c’est plus mignon, et même que ça coûte un bras parce que toutes les écoles sont privées, alors que des vêtements pour petit chien ça coute juste un demi-bras, etc.

En tout cas, ils sont funs, de ce côté-là, et c’était un jour de matsuri. On a mangé des sushis commandés et livrés sur un plateau en polystyrène imprimé (classe, toujours), de l’oden de Shizuoka (sachez-le : si l’oden de combini vous dégoûte à juste titre, allez à Shizuoka manger un oden local, ça n’a juste rien à voir), on a bu du bon saké (sorti de nulle part après m’avoir proposé un Bordeaux semi-industriel de 2012, très tannique et strait from the frigo, ce qui est non seulement l’accord parfait avec les oursins et la sole, mais aussi une condition de dégustation optimale, universelle comme un crachat dans la tronche), et soudain, le neveu est entré trempé de sueur et d’alcool, m’a chopé par le cou et traîné dans la matsuri en me faisant boire de la bière d’une bouteille en plastique de 2 litres. J’étais in love, bien entendu. Je regrette un peu qu’il ne m’ait pas gerbé dessus en passant.

Un tourTonyHailAdieu

Ça allait quand même, mais pas la bouteille suivante : les gars qui tirent les cordes des chars se font tourner des bouteilles de coca remplies de whisky pur. Pur. Oui, du pur ouisky de chez Suntory, celui à 780yens le demi-litre, avec une étiquette telle que même si c’est légal de boire dans la rue, tu demandes un sac en papier parce que tu as honte de ton prolétariat organoleptique. Tu croyais qu’il sortiraient le Coffey Malt de Nikka ou quoi ? Rhahhhh la salope….pas moyen. Ils avaient tous entre 15 et 20 ans: c’est pas gagné pour faire respecter la loi, un jour de matsuri.

Tourne

Et maintenant, j’arrête de vous emmerder avec mes histoires de la campagne.

Phrase de vieux cul n° 121 : « Qui s’y frotte, s’y pique ».

21 mardi Oct 2014

Posted by senbei in Bring Out Your Breads !, Kultur Schokk !

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brûlure, dermite de contact, Japon, jardinage, panais, Shimada, Shizuoka

Goron

La flemme.

Sans être particulièrement flemmard, taper un article sans poser les avant-bras s’avère être assez fatigant. Comment en suis-je arrivé là ? Je laisse les crampes de pougnette à d’autres branlots : moi, c’est le jardinage.

Traces

Force est de constiper constater qu’à force* de taquiner la touffe, on s’y brûle parfois.

(*oui, j’étais stagiaire à TF1, je sais faire des phrases irritantes, aussi)

Ne nous méprenons pas : si la pilosité oursinesque de l’entrejambe des Japonaises pouvait inspirer un « qui s’y frotte s’y pique » cavecanemique, ce ne serait pas justifié ; la Japonaise a généralement le poil doux et soyeux comme le nounours cajoline, kyaaaaa, kawaiiii, putain ta gueule.

Après, sachez de ces tas de sarments qu’ils brûlent rarement : si Moïse avait reçu les tables de la loi derrière le buisson-ardent de Naoko, ça se saurait. C’est boisé parce qu’il faut garder la chaleur, pas autre chose. Rien de pire qu’un rhume de chatte, dit-on à la télévision. La réputation de fantasmée chaudasse du soleil levant, vous pouvez vous les garder, comme les paraboles en bois de journalistes au petit pied, samouraïs des temps modernes dans un pays entre traditions et modernité admirant les feuilles rouges de l’automne avec humilité. Enculés, va ! Mourez donc, rédacteurs sans verbe !

La touffe brûlante que je touchais, pour revenir au sujet, c’était ça :

Panais

Une plante que j’avais plantée il y a 6 mois. Des panais.

« Le panais (Pastinaca sativa L. subsp. sativa) est une plante herbacée bisannuelle à racine charnue, appartenant à la famille des Apiacées, qui fut autrefois très cultivée comme légume et comme plante fourragère. C’est une culture quelque peu délaissée de nos jours, sauf en Grande-Bretagne où ils ne mangent que pour survivre de toute façon, dans les pays nordiques quand ils ne mangent pas des boulettes de viande à Ikea et en Afrique du Nord.

Le panais, d’une couleur blanc ivoire comme les dents de Michel Leeb, a une forme proche de celle de la carotte, et un goût légèrement sucré. »

Voilà d’après Wikipédia.

6 mois, c’est long. Il faut dire que ça faisait vraiment longtemps que je n’étais pas allé à Shizuoka, et que donc, ma partie du jardin était complètement à l’abandon. La dernière fois que quelqu’un avait arraché un panais, il était ridiculement petit, et j’avais pensé qu’il fallait les laisser plus longtemps.

petit panais

Le résultat est moche : c’est tordu, très dur, filandreux. Le goût est bon, pas de soucis, mais le centre est immangeable, comme du bois. Finalement, il ne reste pas grand-chose à manger dessus.

gros panais

J’en ai fait une jolie purée panais-courge butternut après maints passages au chinois, servie avec une blanquette de volaille aux trompettes de la mort. C’était très bien, mais un peu pénible à réaliser (et « un peu pénible » pour moi, c’est probablement « putain de ta race maudite j’abandonne » pour vous).

Samedi, j’arrache quelques plants. Les fanes sont superbes : je les trie, espérant en faire quelque chose plus tard. Pas possible de les manger crues : le goût est trop fort, sauvage, comme un concentré de céleri et de livèche. Le corps refuse, c’est comme un réflexe de défense… j’en ferai une soupe, en hachant tiges et feuilles fraîches, mises à la cocotte-minute avec du porc plein d’os et un peu de bouillon, comme un frugal cocido sur le chemin de compostelle : c’est bon.

AraignéeChacun sa bouffe.

En attendant, ce samedi, j’arrache, je trie. Il fait beau, le typhon arrive demain. je suis en t-shirt.

« (le panais sauvage) provoque des dermites de contact, qui peuvent être sévères et provoquer chez les sujets sensibles des brûlures du 2e degré. La sève du panais (…) contient des substances, les furanocoumarines, qui ont la propriété de provoquer des réactions cutanées, aggravées sous l’action des rayons solaires par photosensibilisation. (…)

Le risque de brûlure existe aussi avec les variétés cultivées de panais, en particulier en production de semences (…) Le risque est d’autant plus important qu’on ne sent rien et que les brûlures n’apparaissent que plusieurs heures après le contact avec les plantes. Ces brûlures sont longues à cicatriser. »

BruluresBrulure 2

Je confirme : on ne sent rien. Puis des rougeurs apparaissent. Puis des cloques. Qui se percent. Suitent. La douleur. Ouille.

Riz

Ne riz pas jaune, enculay.

J’en suis là : ce n’est pas grand-chose, mais ça continue à cuire. Je n’ai décidément pas trop de chance avec les brûlures idiotes : après m’être brûlé au 3e degré avec une bouillotte collé à mon mollet toute la nuit (en 2010), c’est sans doute le retour du tulle dans la maison. Tulle qui n’est pas donné autrement que sur ordonnance, au Japon. C’est pratique, tiens…

Phrase de vieux culs n°75 : « Les amis, ça se compte sur les doigts de la main de Django Reinhardt »

16 samedi Août 2014

Posted by senbei in Kultur Schokk !, La Bright Life in Tōkyō

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bière, bière football et amitiés viriles, Japanisthan, Japon, Racisme ordinaire, salaryman passion, Tokyo

Un article sur l’amitié virile mais sans bites qui se touchent sous la douche.

Le tout illustré de photos neuneus qui n’ont rien à voir, mais avec des commentaires dignes de page Facebook d’une pucelle de 11 ans, ou d’une Marseillaise de 40.

Coucher de soleil et doigts dans le cul

L’amitié, c’est beau comme regarder un coucher de soleil ensemble, putain con !

Hier soir, j’ai enfin eu la chance de revoir Mamoru, un ami que je n’avais pas vu depuis bien longtemps. C’est un de mes forts rares amis japonais, ce qui est triste dans le fond, mais qui est en partie de ma responsabilité.
Quand tu arrives, tu as soudain, après deux ou trois nomikai, autant d’amis que d’antiquaires dans le quartier du Sablon. Bien.

Gland

 On dit parfois que l’amitié, c’est aussi sucer des glands sucrés et riches en tannins. Mais c’est pas vrai. 

Mais de la même manière que tu as peut être « plein d’amis gays » ou que tu te balades avec des Japonaises inintéressantes à faire le guide touristique roublard de level 100yens shop (« j’vais vous raconter des trucs salaces sur les rambardes des anciennes maisons de passe d’Aix-en-Provence, z’allez voir c’que vous allez voir ! »), les passionnant inversement autant que ce que tu dis, espérant baiser la moins moche qui n’est là que pour faire plaisir à la plus moche qui rêve de ton sceptre de souverain d’Otokar (oui, les bus et les autocars, ça va de paire*), eh bien, le constat est simple : c’est de l’apparat.
*Un pot de nutella ou une bière blonde offerte à qui la comprend.

Bande mou

L’amitié est blanche et pure mais peut avoir un coup de mou, comme la bite. 

Vous prétendez avoir des pédés d’apparats. Vous les choisirez les plus sensiblement folles possible. Ils ne rencontreront jamais vos vrais potes.

Vous choisissez de promener des Nippones pour pouvoir être vu de toute la ville avec elles, et que partout dans la rue, qu’on vous entende parler de vous, que les filles soient nues, qu’elles se jettent sur vous, qu’elles vous admirent – qu’elles vous conspuent, qu’elles s’arrachent votre vertu, quoique le mot soit décidément mal choisi. Bref, elles ne verront jamais vos parents, à part pour justifier que le financement de votre LEA valait finalement quelque chose et que vous « parlez le chinois » pour de vrai, contrairement à ce que dit Papa.

Passage obscur

L’amitié, c’est parfois comme un passage obscur, dans lequel on serre le sphincter s’il y a un bruit derrière nous. 

Vos amis d’apparat, sélectionné sur critères de nationalité, d’orientation sexuelle ou couleur de peau si vous êtes à l’UMPFN (le fameux « ami arabe, qui travaille bien, LUI, pas comme les autres »), ils doivent vous mettre en valeur, mais ce sont les fleurs de votre maison. Redonner de l’eau est possible, mais souvent, laisser mourir est plus simple.

Fleuve

L’amitié, c’est parfois un fleuve tranquille. Très tranquille. Comme pour mourir noyé.

Donc, après quelque temps, votre liste d’amis est épurée. Oh, on vous invite encore régulièrement pour faire le gaijin de décoration, et puis aussi pour se prouver qu’on n’est pas froid, mais au final, coincé dans ces énièmes soirées dans un café-bistro au nom vaguement franco-italien (« quatre de buono » ? Genre…) à manger une tranche de chorizo espagnol de Niigata avec le 16e gin-tonic en 40 minutes (« plus que 20 minutes de free bar ! » ) et à répéter le même schéma conversationnel avec tout le monde, vous voudriez juste ne plus avoir « d’amis ».

Conversation type 1 :
– Tu viens d’où ?
– De France. De FU-RAN-SU.
– Aaaaah, j’ai compris. De Paris ?
– Non, de Provence.
-…(tête qui penche à droite)…
– Dans le Sud. Près de la mer.
– Du côté de Mont-Saint-Michel ?
– Non, du côté de Marseille.
-… (se tourne paniqué vers un autre pote)…
– Nice ? Tu comprends ?
– Ah oui, Nice ! J’y suis allé 1 jour.
– Et après tu es allé à Eze ?
– Ouiiiiii ! Comment tu les sais ?!
– Mahhhhhh…
– Et tu fais quoi, comme travail ?
– Professeur de français.
– Ah ben oui, bien sûr. Jaaaa…BONDJOURE ! Au fait, comment tu t’appelles ?

Au lieu de faire ce blog mité (mais pas miteux, j’en suis relativement fier), je devrais faire des manuels de conversation pour gens sobres en working holiday au Japanisthan.

Toutes les langues

L’amitié parle toutes les langues et même qu’on comprend quand même !

Pour ce qui est de la version bourrée, après quelques années, j’en étais là :

Conversation type 2 :
– Tu viens d’où ?
– De Kawasaki. Tu connais Kawasaki ? C’est au sud de Tokyo.
– Ahahaha…non, d’accord, mais sinon ?
– Tu me demandes ça parce que je suis blanc et parle japonais comme une merde ?
– …(énorme malaise)…
– Bon, de France. FU-RAN-SU.
– Oh, Furansu, ii neeee ! De Paris ?
– Oui, j’habite dans la tour Eiffel.
– Ah que tu es drôle…(vite, prendre un pote à témoin !)
– Plus sincèrement : dans le Sud, en Provence, près de Marseille
-… (se tourne paniqué vers son pote)…
– Nice ? Tu comprends ?
– Ah oui, Nice ! J’y suis allé 1 jour.
– Et après tu es allé à Eze ? Ou à Grasse ?
– Ouiiiiii ! Comment tu les sais ?!
– Tous les Japonais font la même chose. Et je vois à ton doigt que tu es marié. Tu as donc fait un voyage de noces en France…
– Whaaaa, t’es intelligent ! C’était comme dans ce drama…euh…
– Sherlock ?
– Hein ?
– SHE-RU-RO-KU.
– Ah oui ! ! Tu connais ?
– Bah ouais morray.
– …Et tu fais quoi, comme travail ?
– Professeur de français, comme tous les Français, parce qu’on n’a pas d’autres compétences.
– Ah ben euh… bien sûr. Jaaaa…BONDJOURE ! Au fait, comment tu t’appelles ?

Vous noterez combien je suis désagréable. Justement : Désagréable, c’est mon deuxième prénom. Vous pouvez remballer les noms à la con sortis de Game Of Throne que vous comptez donner à vos lardons quand ils sortiront du four. Moi, je suis Désagréable.

Noir et blancBleu et blancJaune et blancJauneL’amitié, comme les ciels, ça se déchire. Prendez garde !

Et raciste. Pas autant que Robert ou les reteneurs d’étrons de la vieille génération (les papas agressifs qui meuglent contre tout, mais pleurent dés qu’on leur en met une…vous me ferez une liste en commentaire, j’aime les troller). Mon racisme de manuel scolaire (au feu les manuels !) consiste ici à considérer que, dans une situation donnée, tel individu se comportera d’une façon prédéfinie par son appartenance culturelle. C’est le fruit de mon expérience personnelle, mais c’est injuste parce que justement, ceux qui ne se sont pas comportés de cette manière sont devenus des amis ou des copains. D’autre part, j’ai tellement eu ce genre de conversations en France aussi…la pauvreté intellectuelle et l’absence de curiosité n’ont pas de pays.

Toutes les couleurs

L’amitié est de toutes les couleurs, comme les troncs de ces arbres lépreux. 

C’est de ça que nous parlions donc hier soir. « Tu ne trouves pas que les Japonais sont un peuple sans intérêt, dont la conversation tourne souvent court par faiblesse intellectuelle ? »…Mamoru s’exprime en japonais, il n’a pas vécu à l’étranger, il n’a pas baigné dans une autre culture qui l’aurait poussé à relativiser la sienne (quoique souvent, l’effet inverse se produit, avec un phénomène « on est quand même mieux chez nous »)… Il a étudié un peu le français à l’université, quitté son poste de capitaine d’équipe de baseball (NB: ne plus jamais faire de catch-ball avec lui. J’ai cru jouer contre un orgue de Staline) pour se consacrer au design, avec un talent certain pour la typographie, a vécu en collocation, a rencontré une copine, et finalement, depuis le temps, s’est marié avec elle et à déménagé à Ibaraki reprendre l’usine de son père.

Ensemble

L’amitié, c’est aller ensemble dans la même direction, comme pour un boulot payé moins que le smic, mais ensemble et avec un joli uniforme. 

Un mariage à la mairie. Deux papiers signés. Ni faux prêtre, ni wedding chappel à Omotesando, ni cortège de perruches en robes de mousseline saumon et paillettes sur les cheveux, ni gâteaux géants coupés pendant 4 minutes sous les flashs. Économie et bon goût certains.
Une réorientation professionnelle, mais encore des idées qui vont dans le sens de la créativité, et les yeux ouverts. Des discussions sur le fait que les mesures Abenomics sont en train de tuer les PME du Japon, c’est rare. « Les Français pensent être étouffés par les taxes ? Mais c’est presque la même fiscalité au Japon, sauf qu’ici, tout le monde ferme sa gueule ! »…Mamoru n’est pourtant pas un sale anarcho gauchiste de merde comme moi, loin de là.

constipation

L’amitié, c’est comme la constipation au travail, c’est aussi un choix.

Alors non, moi, je ne pense pas que le Japonais moyen n’a pas de conversation. Je pense que c’est lié aux individus, pas au pays. C’est sûr que le cadre d’existence joue : si tu es dans une optique de travail aliénant, mais que ça te satisfait parce que ça fait vivre ta famille, si tu ne penses pas que chercher autre chose soit digne d’intérêt, si lire un article sur « Les Chinois, ces sales bâtards qui veulent nous voler nos cailloux maritimes » au Doutor constitue ton instant culturel de la journée, si tous tes collègues sont des gens qui estiment qu’exprimer toute connaissance géographique, biologique, historique est une nuisance pour son entourage (j’en ai rencontré plein, des comme-ça), alors évidemment, ce n’est pas facile d’alimenter une conversation, ni même parler de choses qui t’intéressent toi-même.

spiderceriseOrangerFleursL’amitié, c’est les joies simples de la nature, la découverte des choses naturelles.

Assis dans un minuscule rade de Shimbashi, on parle de vigne…j’explique qu’avec le Phylloxera, presque tout était mort, en France, et qu’il a fallu greffer sur des plants américains…et bien entendu, je ne trouve pas le mot « greffer » dans ma tête. Tu sais dire « greffer » et « porte-greffe » en japonais, toi ? Bon, ta gueule.

Noix vide

L’amitié est parfois une coque de ramboutan vide.

La batterie de l’iPhone étant inévitablement morte à cet instant précis (loi de murphy-jobs, etc.), j’étais bien obligé d’expliquer avec mon vocabulaire de gamin de CP (non, pas Capitaine Picard, ni…bref) : tu prends une branche, tu incises la souche, tu insères, tu bandes…C’est comme ça qu’on fait des bébés vigne.

Et là, le vieux salaryman d’à côté, je veux dire, des 8cms d’à côté, puisque ce sont des tables communes, et qu’il y en a 6 dans un espace grand comme une chambre à coucher, le vieux prends la parole. Il porte une chemise bleu ciel, son garakei* est dans la poche de poitrine de cette dernière, mais il l’a sécurisé par un tour de cou aux couleurs de son entreprise, dont il porte l’écusson sur la veste accrochée derrière lui (il fait 36° c, mais il porte une veste…). Les cheveux sont courts, il boit du shochu avec du thé vert et de la limonade (c’est immonde), bref : il a tout du tocard moyen.

Et le gars, tout sourire fier (il peut), qui nous dit comment on dit « greffe », en japonais : 接ぎ木.

clim

L’amitié, c’est frais, ça ventile, et ça roule des joints.

Cet anonyme salaryman qui sait ça, qui sait comment on fait, qui s’intéresse à cette conversation au lieu de fumer des menthols à la chaine, qui s’excuse de s’immiscer dans la conversation, mais qui en connait un rayon…c’est ça qui est chouette.

Et la conversation continuera… sur le fait que Mamoru ne mange pas la tête des poissons parce que c’est amer, que moi oui, justement parce que c’est amer, que je veuille aller visiter Noto (et Ishikawa), que le vieux conseille Toyama, voire Fukui, qu’il vaudrait mieux y aller vite, parce que de grands projets touristiques sont lancés, et les prix autant que le littoral vont changer, que les crevettes de Toyama et celles de l’autre côté de la péninsule sont de variétés et de goûts différents, etc.

West side

L’amitié, c’est faire des trucs où que tu te comprends mais les autres ils comprennent pas toujours. T’as vu ?

Ce mec avait des choses à dire. Pas comme un vieux pilier de bar qui cherche l’amitié et veut t’en mettre plein la gueule (d’abord en mots, puis en poings, puisqu’on finit toujours sur un désaccord avec les alcooliques).
Plus que la nationalité, c’est la curiosité qui fait la différence. Ecrivez ça au tip-ex sur votre t-shirt avec un vieil Indien qui regarde la lune, sur son cheval, avec les loups derrière et un canyon dans lequel vole un aigle. Evidemment, il faudrait sortir plus pour trouver les gens différents, peut-être. Je n’en ai ni le temps, ni les moyens, ni même l’envie : j’aime ces rencontres, fruit du hasard. Et Mamoru en fait partie.

Au plaisir de se revoir !

Flamme

L’amitié est une flamme qui s’entretient. Un peu.

Phrase de vieux culs n°303 : »Et tu veux une médaille ? »

20 mardi Mai 2014

Posted by senbei in Bring Out Your Breads !, Kultur Schokk !

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agriculture et frustration, alcoolisme ordinaire, bibine, Japon, Mosaïques partout bandaison nulle part, picrate, pinard, Pont, sake, Shimada, Shizuoka, thé, vin, vinos yamazaki

Epluchures

En ce moment, ma vie est aussi passionnante qu’un épisode de Zodiaques (ou Coeur Caraïbes), donc vous comprendrez que je ne poste pas.
J’ai bien un ou deux gros articles indigestes en cours d’écriture, mais ça attendra. Voici donc des récits-miettes de ma platitude ordinaire, aussi intéressante qu’un boulard japonais : inévitable enchaînement présentation incommensurablement longue et molle, pipe sans entrain avec moults bruits de suçons gerbitifs, gadgets en plastiques et gémissement agaçants tout au plus, final écoeuré. Mosaïques partout, bandaison nulle part !

La violenceLes mini-motos

Personne ne fait la queueDu thé partout

À force d’articles, vous aurez compris que je passe une partie de mon temps libre à Shizuoka, dans la famille de ma compagne, et que j’en tire autant de joies que de frustrations.
Joie d’être à la campagne, au contact de la terre, des plantes autres que celles de mon balconnet… tailler les arbres, semer des légumes, faire des composts.

LopinCet hiver.

Born to be wildSalad man

Frustration et colère, de voir les fruits non ramassés, de trouver du plastique dans le compost, ou les buttes semées envahies de mauvaises herbes, craquelées comme le Niger, faute d’arrosage régulier. Cette fois, ça m’a vraiment mis à terre, dans tous les sens du terme :certains légumes étaient sortis de terre, d’autres pas, c’est la vie… Mais que les salades n’aient pas été touchées (il faut éclaircir les rangs après germination), ça m’a achevé.

« Ah, mais on ne savait pas ce qui est de l’ordre de la mauvaise herbe, on n’a jamais vu de fenouil de notre vie ».

Dont acte. Bien sûr, vous auriez pu regarder dans le manuel de jardinage japonais que je vous ai offert, à la page « fenouil », dont un post-it sort, avec le nom dessus. Vous auriez aussi pu constater que certaines plantes étaient différentes des autres mauvaises herbes communes à tout le jardin, et, comme tout le monde a un téléphone qui prend des photos, vous auriez pu m’en envoyer une, demander, tout simplement.
Vous auriez pu en avoir quelque chose à foutre, en somme, ce qui ne coule pas de source, j’y consens.

Le jardin

Le thé

J’ai bien compris qu’en ignorant mes salades, que vous connaissez pourtant bien, vous aviez d’autres priorités. Je ne peux que difficilement vous le reprocher : vous m’offrez un lopin, c’est mon envie d’y faire pousser des légumes dont vous n’avez pas besoin. Entre la charge des vieux et leur tyrannie horaire (« il est 18 h et le dîner n’est pas prêt ?!« ), le thé qui demande quand même de l’entretien, le reste du jardin, j’imagine que mes 4 buttes arrivent en dernière position, justifiée.

Reliques

Mais, pour autant qu’il y ait des raisons, ça m’a déprimé. Comme un coup de poing au ventre, que tu n’as pas senti venir. Aussi compréhensible que ce soit, ça entérine un sentiment triste pour moi : vous, parents de ma compagne, vous vivants, je n’habiterai pas avec vous. Pas parce que vous avez laissé sécher nos 2 fenouils et 3 panais, mais parce que dans mon échelle de valeurs, ne pas avoir la curiosité ou le respect de contacter votre fille, et laisser à l’abandon quelque chose qu’elle a passé 5h à préparer (binage, semis, paillage, etc.), ça ne va pas le faire.

Les voisins

Ça ne m’attriste pas tant pour le soufflet mental infligé (« J’me croyais important et pis finalement non ! Bouh bouh… »), le temps perdu, ma daurade au four sur lit de fenouil qui s’envole que le fait que ma compagne ait compris que je n’arriverai jamais à vivre avec eux. Ou plutôt, que je n’en avais aucune intention. Sans rancune, ou presque.

BBQ 1BBQ 2

Sinon, ça s’est bien passé.

Après le passage « jette ta pelle par terre, roule au sol et jette des mottes de terre en l’air en hurlant AHHAHAAAAAAAA ! », j’ai décidé que si les graines étaient sorties, c’était mon travail de leur donner une chance, puisque j’avais commencé le processus. On verra ce qui aura survécu la prochaine fois, mais j’éviterai d’y fonder trop d’espoirs.

Alors que je désherbais et séparais les plants, Takeshi est arrivé, le poignet alourdi de sa Panerai, col de polo relevé, lunettes de soleil de mouche à merde de marque. Ça commençait mal, mais finalement, il était sympa, comme la suite le prouvera (= Il a payé pour tout).

Jour de pluie = Tarte au citron...

Jour de pluie = Tarte au citron…

15 minutes plus tard.

15 minutes plus tard.

La vieille grange qui va être démolie (cf. mon autre article de pleureuse, ici) est pleine de vieux outils, vieux meubles, portes coulissantes, coffres, chaînes, plots. Takeshi, dont les parents possèdent une résidence secondaire de l’ancien temps, était venu voir ce qui pourrait l’intéresser pour équiper cette vieille ferme. Voici le genre de choses qui traînent sous les poutres. S’il y a quelque chose qui vous intéresse aussi, vous me ferez le plaisir de vous manifester avant fin juin.

Gros Bidon

Détail bidon 2Détail bidon 3

Ces bidons en étain de l’ère Showa servaient à entreposer le riz.

Une autre époqueMachine

Machines pour le thé.

ParoisPorte

Puis vint la cuite. Monumentale. Rare. Précieuse. Durable. Trop.

Shizuoka 1

Shizuoka 2Et de une

Takeshi nous emmène à Shizuoka-ville. Sympathique bourgade… c’est agréable, pas prétentieux. Il habite à 4 minutes à pieds du travail, ce qui me fait carrément rêver, alors que je perds un temps et un argent de fou dans les transports tokyoïtes.

Le blanc
Vinos Yamazaki est une entreprise locale, un importateur de pinard surcôté qui possède des branches dans les grandes villes du pays. On va vers la maison mère, 2 entrées presque côtes à côtes : l’une, le magasin, propose une sélection de 10 bouteilles du moment, qu’on retrouve dans le bar d’à côté, qui fait aussi magasin de fromage. 40 minutes, 2 bouteilles, une pizza (pâte « foutage de gueule » : surgelée, plate, grasse), un assortiment de fromages, 9000yens. De bons produits, surtaxés comme il se doit, descendus trop vite. Déjà fatigués, on file vers une gargote où les sièges ont été réservés : monsieur a ses habitudes.

Sakura, sakura, sakuraaaa... PUTAIN MAIS TA GUEULE !

Sakura, sakura, sakuraaaa… PUTAIN MAIS TA GUEULE !

Les nihonshus se succèdent, tous excellents, et s’il boit du thé oolong coupé à l’alcool de patate lui-même, Takeshi n’oublie pas de nous resservir, surtout moi qui bois si vite pour faire passer la bouffe que je n’apprécie pas plus que ça (« Du poulet cru ? j’en RÊ-VAIS ! »).

Jolie étiquette

VertBlanc

ReblancOups

Se lever, aller aux toilettes, remarquer qu’on ne tient plus qu’à peine debout. Partir vers un autre bar. L’odeur d’alcool déclenche le réflexe de défense du corps, qui reconnait l’empoisonnement et ouvre les sorties de secours. Un coup en bas, un coup en haut. Et de deux. Et de trois, etc. J’enchaîne le reste de la soirée entre promenades jusqu’au konbini (120 mètres, 8 minutes) pour acheter de l’ukon (plâtres buvables à base de curcuma) aussitôt vomi, des cigarettes que je n’arrive pas à fumer autrement qu’assis dans la rue, en pensant à Jud, pour le coup (des peace, forcément), avant que notre hôte ne me tape la discute pour s’assurer que je reste de ce monde. Vieille honte, sentiment inhabituel d’avoir perdu le contrôle, très justifié, anodin dans ce pays spécialisé dans l’ébriété publique à 21:35. Muuuuurge Exprèèèèèèèssss !!! Les drames de la vieillesse.

Volaille crueTerminus

Après avoir couru prendre le dernier train, on se réveille au terminal, trois stations après la nôtre, ce qui en langage rural fait 25 kilomètres. Appeler la petite sœur, la réveiller, dormir sur un banc, la voir arriver en pyjama, s’excuser. C’est pas la gloire.

Le reste de la Golden Week est donc plus détendu, parce que je suis à deux de tension.

Dimanche, une amie nous rejoint et je lui caresse nonchalamment les fesses pendant qu’elle lit un livre sur « les jambons du monde entier » (éditions Atlas, 2007), sur quoi elle décide de mettre sa tête sur mes genoux et de jouer avec mon frein, parce que tout ça va décidément trop vite. C’est ce que dit mon cortex, alors que je me réveille transpirant l’alcool sur le tapis du salon.

Le pont de trop loin merde

À Shimada, il y a un pont. Il y a tant de sortes de ponts… certains, forts bien suspendus, câbles bandés grincent quand on s’y accroche, d’autres, durs et enflés en leur centre, pour faciliter la circulation, des petits, richement décorés de veines art nouveau, à la tête enflée et brillante, sur laquelle le visiteur pose une main experte pour en apprécier la courbe et le poli, des ponts courts dont on ne fait qu’une bouchée, ceux qui s’enjambent avec respect et appréhension, des ponts qui branlent au-dessus du vide, des ponts qu’on agrippe avec vigueur, pour ne les lâcher que quand, soulagé, vous avez atteint la berge du ravin, des ponts percés, qu’on traverse pourtant, espérant que ça tienne, comme le Prince Albert ou une moule accrochée au rocher.

Shimada, c’est le style long et fin. On le traverse à pied, nus de préférence. Le plaisir d’avoir la plante posée sur les poutres de bois poli par les passages est formidable.

PoutreBois

LitChiottes

De l’autre côté, c’est la promenade digestive qui s’annonce, entre les fleurs, les frelons géants, les arbres, les ridicules statues de tanuki, histoire de ruiner un peu la beauté de la forêt.

Le pont de la forêt Kowaï

FleurAraignée

LisièreCabanne

Thé VERTSoleil

On débouche sur les champs de théiers, serrés, désormais taillés rectangulaires. Dommage, les formes rondes de jadis, d’avant les machines, c’est tellement joli.
Partout des ventilateurs, qu’on utilisera pour chasser l’humidité pendant la saison chaude. Shizuoka, un des plus gros consommateurs d’électricité du Japon.

Les collines tranquilles

Lundi de pluie, lundi dedans, couché sur le tapis… putain de pays où on vit par terre : on voit bien que vous ne faites pas 1,80 m, hein ? Moi couché dans le salon, avec mes 90 kilos, c’est la sardine qui bouche le vieux port, fatche de cong.
Au final, 4 jours au vert, dont 2 à décuver ou presque. Comment ruiner son peu de temps libre ? L’alcool, toujours une bonne solution.

Les dimanches à la campagne...

Phrase de vieux culs n°310 : « Si c’est un port, y’a forcément des putes »

15 mardi Avr 2014

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Arima Onsen, boeuf, Japon, Kobe, mox, sake, un port c'est forcément plein de putes

La rue

Kobe, l’occasion de revoir Sayaka, une ancienne élève, qui arrive en grosse BMW.

« C’est celle de mon mari », ah bon ? Manger une pâtisserie ensemble, prendre un café sur le port. On se croirait à Yokohama, les fleurs en plus. Vent à décorner les boeufs, normal pour Kobe. Centre commercial. Ennui, vaincu grâce à la charmante compagnie.

Le quaiL'autre quaiTempleGrilleMoxOban

Le quartier de Sannomiya, à côté d’une des 4 gares appelées Sannomiya (très pratique, t’as vu ?), c’est plein de ruelles sympa (pleines de gargotes, donc), de putes sympa (qui répondent au sourire, donc), de lumières sympa (je dis ça pour le style). On y mangera le fameux steak de boeuf, ruiné un coup par du ponzu, un coup par de l’ail frit, pour un prix abject, dans une ambiance surannée. Deux semaines plus tard, à Shizuoka, j’achetais un filet de boeuf local pour un dixième du prix et qui mettait complètement à l’amende la barbaque sus-citée. Mais à Rome, fait comme les Romanichels, alors bon…

Le maintenantL'avantL'escalierLes matchsLa presseLe goulotLes bacsLes cuvesL'ustensile La nuit

Autrement plus valable, le tour des brasseries de saké. Déguster une dizaine d’échantillons dans l’après-midi, finir pété comme un coing et allégé de 12.000yens, expédiés chez toi sous 48 heures. Voir les fûts, entendre la fermentation, sentir les effluves. La volonté de conserver les vieux bâtiments, de monter un petit musée avec les anciens outils, de présenter ça au visiteur, même en anglais : très appréciable, très apprécié. Je recommande totalement.

UnDeux Trois

Un article à la Clarence, avec dix fois plus de photos sur-filtrées qu’autre chose.

ClasseGrosse fatigue

Également recommandé, Arima-Onsen. Une heure de train, et te voilà dans l’eau trouble et chaude, assis sur des pierres, avec un homme qui s’approche de toi en disant « Hot, isn’t it ? » avant de s’assoir presque sur ta cuisse. Je lui réponds en japonais, mais monsieur est de Sydney, résident à Singapour, d’origine chinoise, à priori. « Je viens ici chaque année, avec ma femme et mes enfants » était une phrase super-convaincante jusqu’à ce que tu poses ta main sur mon genou. Pourquoi, mon dieu païen, pourquoi, quand tu es dans une marre d’eau brune de 12m2, avec 4 autres éléphants à trompe courte, pourquoi dois-tu me toucher la jambe ? C’est pas déjà assez glauque ? Ça tombe bien, c’est l’heure de partir.

Une planche

L’akashiyaki est officiellement une sorte de takoyaki locale, mais honnêtement, ça tient plus de l’omelette trempée dans l’eau chaude. Certes, c’est une boule, mais sache qu’elle est composée essentiellement d’oeufs. On la reçoit avec ses 11 ou 23 congénères, posée sur une planche bancale, et on la trempe dans un simple bouillon de bonite et ciboulette.

Une pour papaUne pour mamanThe silky toucheThe mirroir dégueuShowaL'échope

C’est bon, mais après 2h de route pour aller à Akashi dans les bouchons, j’avais plus trop envie de me taper 3 échoppes pour manger des oeufs sans girolles, en fait. Cela dit, c’est une bonne occasion de voir des vieilles travailler dans des boutiques qui n’ont pas changé depuis 40 ans.

Akashi

Galerie

Carrelage

Comme le reste d’Akashi, en fait : galerie marchande demi-morte, vendeur qui insiste pour que tu doigtes le poulpe parce qu’il est encore vivant (Monsieur, je…je préfère les mortes, voyez-vous ?), décors de l’ère Showa… Quel étranger est assez blasé pour ne pas kiffer ça ?

CoinCarotteWhamsMagasin

Adieu

Phrase de vieux cul n°13 : « Tu l’as bien cherché, non ? »

22 mercredi Jan 2014

Posted by senbei in Blogs, La Bright Life in Tōkyō

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cons de pacoulins, entre tradition et mon cul c'est du poulet ?, hybrides F1, Japon, Paysannerie, révolte des bonnets en soie de kimono, risettes dans les rizières, Shizuoka

Feu la rizière

Assis dans la rizière ci-dessus*, entre un petit cours d’eau au cours désormais enserré dans le béton, j’ai un petit pincement au coeur de pierre.

(*Non, tas de cons, je n’ai pas atteint ce degrés de hipsterisme qui consiste à s’assoir dans une rizière avec un mac book pour être en communion avec ce que j’écris. Ce sont mes réflexions de ces derniers jours.)

Frak

Fracking Starbucks.

Des piquets plantés au bord du champ donnent un indice de l’avenir proche pour cette parcelle, à celui qui n’avait pas remarqué que le champ n’a pas été travaillé depuis la dernière récolte : on va y construire une « mansion », soit un de ces immeubles résidentiel sans ambition, comme celui que j’ai devant le gueule, crânement appelé Nova, sans doute en hommage à l’intersidérale fadeur fonctionnelle de son design. Ici, sur le riz, poussera un blême ensemble de clapiers recouverts de faux carrelage, comme tout édifice de peu d ‘envergure, dans un pays dont le moto oscille désormais entre une modernité définie par la médiocrité des matériaux employés, et une tradition bâclée, fantasmé, des techniques que plus personne ne maîtrise mais qu’on fait semblant de protéger, de peur de changer quoique ce soit.

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Ceci n’est pas un cassoulet.

Sérieusement, on peut écrire 14 tomes d’articles sur les maisons japonaises « modernes », et ne pas arriver à décolérer. Ca ne servirait à rien de toutes façons. Notre problème du jour porte sur l’approche de l’espace de vie, et comment n’y rien foutre.

Dans cette résidence qui va se construire, vivront peut-être heureux des gens seuls, des couples, des vieux qui veulent pas mourir (faites un effort, merde !), des gosses qui feront des combats d’écrevisses au lieu de les bouffer comme des gens civilisés, des joueurs de pachinko à demi-sourds, des pédés forcément refoulés (le Japon, l’autre Iran), de jeunes office lady qui décorent un cadre de 100yens shops avec de la dentelle pour y afficher la photo d’un chien prise dans la rue, des garçons timides qui regarderont ta bite en skred au bain public d’à côté, des quinquagénaires enfin divorcées de leur mari absent (peut-être à juste titre), bref, des Japonais. Des étrangers, je doute. Déjà, je ne vois pas ce que tu foutrais dans la banlieue de Shimada, Shizuoka. Et quand bien même, tu sais qu’il est chaud de trouver des apparts pour les non-natifs, hein ? Alors une mansion en carrelage neuf, penses-tu….

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Faire son miso.

Le truc, c’est que ces gens ont des chances d’être ravi d’habiter là. Alors que moi, quand on m’a annoncé que la parcelle serait construite, au début, ça m’a fait un peu couic sous les côtes. J’y avais passé des heures à essayer de soigner les vignes abandonnées, noyées dans les broussailles infestées d’araignées-guêpe, couper le vieux bois, biner le sol, arranger le tout en pergola, avec plus ou moins de succès. Nettoyer les abords du champ, pailler les pieds, planter des noyaux de pèches de vigne, au cas où…

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Le swag ultime du vendeur de moisissures.

Mais finalement, c’est bien comme ça. Quand toi, étranger, tu mets un pied dans la paysannerie japonaise, n’oublie pas ces mots : « Toi qui entre ici, abandonne toute espérance« . On objectera que c’est partout pareil, que « wat de boer niet kent dat eet hij niet« , etc. Je sais. Là où je veux en venir, à part me la péter avec une phrase en hollandais (dans le trio de tête des langues européennes les plus moches, clairement), c’est que comme la télé japonaise, la paysannerie japonaise t’aura à l’usure.

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Cagettes de culture de ferments.

Nettoyer les abords de la ferme, parce que mon oeil de vierge campagnarde embourgeoisée se choque de voir de vieux sacs d’engrais abandonnées au bord, c’est faire de l’archéologie sur les dernière cinquante années : des strates de pesticides, d’herbicide, de granulés, des films de protection, des filets anti-corbeaux, des copeaux de piquets en plastique, des sangles à botter…Des canettes de toutes générations, des cup-ramen d’une autre époque, des sachets de bonbons, de la moquette, des cintres. Un demi-siècle de comportement de poule, à vivre dans la merde. Un demi-siècle à tirer toujours et encore sur la terre, à ajouter toujours plus de produits parce qu’elle s’épuise à force d’hybrides F1, pendant qu’on plante trois fois par an sur la même parcelle, parce que le F1, c’est l’assurance de concombres calibrés pour les boites en carton, en trois mois, contre 5 pour les traditionnels. Un demi-siècle pour oublier comment on fait des graines (les F1 n’en font presque pas de fertiles, c’est pas plus mal), donc être complètement dépendant de l’achat, un demi-siècle pour ne plus savoir enlever des mauvaises herbes à la main, ne plus faire de compost et plutôt abandonner les fanes et les racines en plein milieu du chemin (paye ta glissade…), oublier ce qu’est le paillage, oublier ce qui se mange, ce qui s’accorde, ce qui nourrit le sol, ce qui l’appauvrit.

Comme en France, le tout subventionné à toc par l’Etat : produit la même chose partout, appauvrit ton sol, creuse ta tombe, et financièrement, et physiquement.

Frigo à moisi

Alors, quand en 2 jours, tu déterres 6 sacs poubelles de déchets, que ça semble vaguement propre au abords de la maison, et que 4 mois plus tard, tu retrouves de nouveaux plastiques semi-enfouis, semi-brulés par le soleil, tu dis non. Juste non. Vous avez bien fait de décider de faire construire : vous ne méritez pas cette terre.

Tu te sens seul, soudain ?

Cette terre légèrement argileuse, ce limon gagné sur la rivière avoisinante, exempte de pierres, c’est assez irréel pour moi, né dans la Provence, tellement riche de ses cailloux qu’on en a fait des bories et des capitelles tous les 50 mètres, au milieu de ses murs-pierriés désormais en voie d’éboulis.

Pas une terre pour la vigne, j’en conviens. Une vrai terre pour le riz, pour le daïkon, le poireau et tout ces trucs qui poussent relativement profond, mais aussi une terre qui sait rester humide, une terre facile à travailler, si fertile.

Oden maison Salade composée

C’est un plaisir d’en manger le fruit, mais l’année dernière c’était les salades qui pourrissaient sur pied « parce qu’il y a des moucherons dedans et qu’elles ne sont pas calibrées« , puis ce fut les poivrons empuantirent le jardin, que vous ne ramassiez pas parce que ça va comme ça, on ne va pas manger que ça non plus, et maintenant, c’est le chou chinois dont on jette 1/3 des feuilles parce que fermer les cônes était chiant et qu’ils sont en l’occurrence pleins de feuilles mortes, donc invendables dans ce pays où tout doit doit avoir la même gueule que dans un catalogue Rustica. Transformer les surplus ? Lactofermenter ? Congeler ? Faire des coulis, des légumes secs, des conserves ?

Non, on préfère regarder la télé. On en a une dans chaque chambre. 42′ pouces minimum, et un fist mental complet à chaque heure passée devant.

Dutch Oven

Dutch oven.

Alors, voyez-vous, quand je taille les pruniers et que les fruits grossissent d’un tiers, mais que vous oubliez de les prendre à temps, vous m’agacez. Quand je fais un compost et retrouve les vinyles des plants d’arachide encore accrochés aux racines dedans, vous m’agacez. Quand les graines de courge que j’ai semé germent mais crèvent à 80% parce que vous n’avez pas arrosé et qu’il y a tant de crevasses au sol qu’on dirait qu’on dirait la tronche à Hideki Matsui, vous m’agacez vraiment un peu.

Et finalement, même si ça bouge un peu, que j’essaye de ne pas faire le mec désagréable qui vous apprend votre travail (parce qu’après tout, je serai bien infoutu de faire du riz ou du thé, que vous faîtes si bien), que je me dis que ce n’est pas mal vie mais la vôtre, je lâche prise, doucement, mais avec la triste impression que vous ne méritiez pas cette terre. Par fainéantise.

Gourdasses locales

Oh, je comprends : vous ne vous êtes pas installés dessus pour le temps. Vous exploitez votre terre sans lendemain, presque au sens premier du terme. Vous construisez des maisons sans avenir autre que celui d’être détruit, soit par un tremblement, soit par le mépris national pour le vieux. Pleurez donc que les jeunes ne veuillent pas continuer à la ferme, vivre dans vos maisons en cartons construites pour vous voir interminablement rapetisser et manger des mandarines sous le kotatsu, pendant que les talento interchangeables vous vomissent à la gueule une vacuité pire encore à la vôtre. Je sais, c’est un trait culturel avant d’être un trait cul-terreux.

Mais votre paresse, là, non. Juste non.

Le KO

Je ne mérite pas votre terre non plus, si vous vouliez tout savoir, moi qui chouine d’avoir coupé deux brindilles et de pas recevoir de médaille du mérite agricole en retour. Moi aussi, en tant que prof, je connais la paresse de ne s’en tenir qu’à ce qu’on sait déjà faire, et moi aussi, il me faut encore et toujours de l’énergie pour vaincre cette fainéantise de base. Je fais mon possible pour ne pas mépriser ceux qui ne le font pas, c’est tout.

Si c’était de la paresse créative, à la Alexandre, je comprendrais. Si vous vous reposiez pour autant, je comprendrais.

Mais ce n’est ni l’un ni l’autre : les techniques qu’on vous propose permettent d’économiser l’activité humaine. Laisser la terre travailler, se concentrer sur l’amont, produire biologique, vendre plus cher, transformer et gagner de l’argent sur le produits transformés…

Mais non. Vous préférez construire une mansion éphémère. C’était sûrement le meilleur choix, après tout.

Le premier de l'an

Premier lever de soleil de 2014.

Pour info, sur les « mansions » : sur Reddit et l’excellent Néojaponisme.

Phrase de vieux cul n°365 : « Ah ouais, ça doit pas être facile tous les jours, dis-donc ! »

25 lundi Nov 2013

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Cracher sur les putes et les chiens, déprime alcoolico-nippone, Des questions existentielles de bistro qu'elles sont bonnes, Japon, N'importe comment, N'importe où, Nimporte quoi, Tokyo, Trolololololooooo

Une fenêtre sur le monde

Et parfois, c’est la déprime qui guette, et puis c’est tout.

Comment ça, la déprime au pays du soleil levant ? Des mangasses, des filles en jupes, des konbinis, des ninjas, de… Ta gueule. Ouais.

Comme face à la mort, on réagit au Japon avec un ensemble de phases…Je rappelle, à l’intention des gens qui n’ont que le BEPC ou un diplôme d’université japonaise, de quoi je parle :

  1. Choc, déni (d’Halicarnasse, de grossesse, etc) : cette courte phase du deuil survient lorsqu’on apprend la perte. La personne refuse d’y croire. C’est une période plus ou moins intense où les émotions semblent pratiquement absentes. La personne affectée peut s’évanouir et peut même vomir sans en être consciente. C’est en quittant ce court stade du deuil que la réalité de la perte (blanche, ou autre) s’installe.
  2. Colère : phase caractérisée par un sentiment de colère face à la perte. La culpabilité peut s’installer dans certains cas. Période de questionnements.
  3. Marchandage : phase faite de négociations, chantages, construction de colonies dans Jérusalem-Est…
  4. Dépression : phase plus ou moins longue du processus de deuil qui est caractérisée par une grande tristesse, des remises en question, de la détresse, comme dans n’importe quel film d’Eric Rohmer. Les endeuillés dans cette phase ont parfois l’impression qu’ils ne termineront jamais leur deuil car ils ont vécu une grande gamme d’émotions et la tristesse est grande.
  5. Acceptation : Dernière étape du deuil où l’endeuillé reprend du mieux. La réalité de la perte est beaucoup mieux comprise et acceptée. L’endeuillé peut encore ressentir de la tristesse, mais il a retrouvé son plein fonctionnement. Il a aussi réorganisé sa vie en fonction de la perte.

Ça, c’est pour le deuil. Le Japon, c’est pareil.

(Allergiques à la psycho de comptoir, passez votre chemin. D’un autre côté, si vous lisez des blogs de Français au Japon, ça doit être exactement ce que vous cherchez…)

MizonokuchiEn route vers la joie

1 – Le premier stade semble être l’émerveillement idiot, le choc des cultures, qui s’accompagne chez le Français moyen d’une analyse plus ou moins longue du pourquoi et du comment (durée relative au degré d’ignorance : exprimer le « je ne sais rien » prend plus de temps que le « Je sais »).  Il semble toucher énormément de gens qui n’ont jamais mis les pieds ici, mais qui en ont la ferme intention, quand ils toucheront l’argent de la CAF ou qu’ils trouveront un vol pas cher, mais pas Aeroflot, faut pas déconner non plus. En attendant, ils regardent des blogs comme celui-ci (peu) ou plutôt ceux avec des photos de temples sous la neige, de feuilles d’érables devant avec du flou derrière, de croisements de Shibuya avec un effet miniature et de filles shootées en skred au télé, mais qui vous ont capté bien grave avec votre MarkIII de 28 kilos. Si c’était votre crédo, n’oubliez pas de mettre des watermark dégueulasses dessus et d’essayer de vendre les clichés alors que vous n’avez aucune autorisation de le faire.

L’émerveillé du Japon aime les sites de neuneus photographes parce qu’ils lui vendent exactement ce qu’il veut : du cliché.

Entre Tradition et PUTAINS DE NEONS dans ta gueule.

Entre Tradition et PUTAINS DE NEONS dans ta gueule.

Pas moche, hein ? Juste impersonnel. Une sorte de « Y’a bon Banania » de la photo. C’est pas du racisme, mais c’est quand même une société tellement différente, dis-donc…

Les étoiles dans les yeux perdurent avec les 2 premiers voyages, bien sûr, voire plus si les oeillères sont en titane.  On voit le Japon qu’on avait imaginé, fantasmé, ressenti. Les niveaux d’appréciation sont tous différents suivant les points de vue, les expériences, mais l’étape semble obligatoire : si le Japon n’attirait pas, pourquoi liriez-vous cela ? Pourquoi viendriez-vous ? Pourquoi l’INALCO ? Pourquoi les festivals Cosplay-Kawaii-Manga-Etc ? Pourquoi NoLife ?

JaponaisMont D'or, ma bite

L’enthousiasme fait vivre (moralement, financièrement), fait découvrir, c’est formidable. Je ne crache sur rien, sauf sur vos filles, quand elles sont presque majeures. Ah ah. Nan, j’rigole, je n’assume que dalle (je suis un peu de droite, au fond).

Ayant déménagé directement à Tokyo, sans apprentissage de la langue, sans passion particulière (autre que cinématographique), l’émerveillement fut en fait très court.

Déjà, voyons les choses en face : venant de France, ça contraste, mais venant de Suisse, déjà moins : même ouverture apparente, même conservatisme profond, même organisation minutieuse du réseau ferroviaire, mais moins de fromage, c’est clair. Nous y reviendrons.

Dur et dressé

2 – Cet enthousiasme est voué à être relativisé : plus le séjour se prolonge, plus vous notez des différences, et plus vous les notez avec véhémence. Ca peut porter sur la conception de la politesse (« Tu es enceinte ?  Je suis assis et pas toi ? JE NE TE VOIS PAAAAAS ! QUI ME PARLE ? »), sur la mode vestimentaire (« Elles n’ont pas froid avec leurs jambes à l’air, là ? Nicolas, Oh ! Je te parle ! Ca ne te choque pas, toi, bien sûr ! »), la nourriture (« le Kara-age, c’est trop bon, mais le tofu à Kyoto, on n’en pouvait plus. Après 4 jours, on s’est fait un MacDo à Osaka »), et j’en passe. Bref, on trie, on classe, on distingue. Là encore, rien d’anormal.

L’installation à long terme pose problème.

Le WiFiCuges

Déjà, au bout de 6 mois, vous quittez Stéphanie, parce que vous ne vous entendez plus. Elle n’en peut plus que vous regardiez toutes ces putes anorexiques (pas une maladie au Japon, disons-le clairement : juste des gens qui sont « soucieux de leur apparence ») en mini-shorts, et elle a pris 10 kilos. On ne peut pas lui en vouloir. Au début, elle ne travaillait pas et se faisait chier comme un rat mort, puis elle a commencé à sortir faire du sumi-é, aller à l’institut, au Canal-café, elle a rencontré des francophones, fait des ateliers Fromage-blanc à Yotsuya , tout le monde trouvait qu’elle était sympa, et puis elle a réalisé n’avoir aucune amie. Internet est devenu son havre, Nicolas travaillait tard, ils allaient boire avec le manager et la secrétaire-là-tsssé-dont-j’t’ai-déjà-parlé et qui fait 46 kilos avec une Canada Goose, bref, c’est la solitude.

Nicolas dit des mots doux et rassurants à Stéphanie, mais non ma chérie, tu es la plus belle des copines, et moi aussi j’ai grossi (je résilie tout de suite mon abonnement à Kara-age passion, la passion de l’huile et du gras), c’est le coeur qui compte. Mais c’est vrai que tu as un putain de gros cul, et je suis tellement une trompette que je ne te le dirai jamais en face. Tu le sentiras et me quitteras. Moi ça va, je suis un gaijin mâle, tout m’est pardonné dans cette société.

3 – Car oui, la plupart des mecs qui vont rester seront des mous-du-ventre. Des gens qui ne veulent pas de problèmes, des gens que la France agresse à chaque retour,  des gens qui payeront leur appartement plein pot, parce que bon, déjà on est étranger, on est bien content d’avoir trouvé, et puis on n’était plus à un mois de caution près.

AH AH AH.

La Cage

La phase transitoire peut être longue. De toute manière, il n’est pas question de voir là des phases absolument imperméables temporellement : ça s’entrelace, comme mes poils de cul quand je fais du vélo. C’est un peu pénible.

C’est justement de cul qu’il est question dans cette phase de marchandage, puisque vous l’avez entre deux chaises. Enfin, entre une chaise Lüngrof en France et une chaise Olmmögt au Japon, ça ne change pas tant que ça, mais vous voyez ça trop physiquement, soyez plus attentifs : c’était une image.

La tatamisation, ce moment où vous vous habituez à ne plus être debout dans votre intérieur, fier, viril, dressé vers le ciel, rouge et vibrant en petit soubresaut circulaires (on vous avait prévenu : ne vous levez pas abruptement après 4 verres d’imo-shochu. Vous êtes cons.),  cet instant interminable qui fait de vous une créature qui se courbe spontanément à l’approche d’une porte ou d’un supérieur hiérarchique, ce temps d’adaptation à une vie dans laquelle il est normal de ne trouver qu’une seule variété de pommes à 1euro pièce (et non le kilo), plein de joyeux moments où on transpire en trempant sa bite dans la même eau que 29 autres salaryman, de déjeuners composés de bol de riz, salade de patates et nouilles en accompagnement,  de fêtes à la maison pliés en quinze parce qu’assis en cercle par terre pour manger des chips dont on se partagera l’addition au yen près, même Ayako qui a pourtant apporté du pain qu’elle a fait elle-même (Bravo Ayako. Sugoii ! Clap-clap), bref : le temps de la composition : vous rejetez autant de choses que vous en acceptez.

Soon

Vous n’acceptez que ce qui vous plait, officiellement, mais laissez couler tout le reste, parce que bon, on n’est pas chez nous, et puis vous êtes un mou du chibre, alors essayer de changer des trucs, bah, pfff, à quoi bon.

Mais attention, pas question de se laisser insulter, hein ? Le tatamisé moyen se réserve le droit de critiquer avec une violence qu’il estime relative (« Les gens qui marchent doucement, un téléphone à la main, c’est le cancer ! Au moins, quand y’en a un qui crève, ce n’est que justice ») mais également le droit de répondre aux agressions des francophones qu’il fréquente sur Twitter, et qui sont tous des connards négatifs en puissance (« Y’a que des français frustrés pour attaquer les gens comme toi ! On se croirait en 1942 ! J’ai pas quitté le pays de Flamby et sa clique pour m’entendre dire que mon live-tweet du Tokyo Game Show ne parle que de RPG! »). Qui plus est, comme chez les sangliers, l’agressivité est décuplée envers les éléments jugés dangereux (tronc d’arbre, Renault 5 pour les sangliers / gauchistes, moqueurs pour les Gaulois) lorsque leur progéniture a été mise bas, et qu’ils sont bouffés entiers par la femelle devenue dominante. Leur honneur blessé ne supporte plus alors la moindre ironie.

Il n’est pas impossible que se profile alors la phase 4, celle qui donne des fourmis. (Celui qui comprendra cette référence gagne une bonne bière offerte par mes soins).

La mortSerpillère

La tristesse. Qu’est la tristesse sinon de la colère rentrée ? (Si vous voulez des cours de fatitude à tendance new-age, je prends les réservations, c’est 4500 yens les 40 minutes. Vous aussi, vous pourrez cacher votre incroyable orgueil derrière des citations du Dalaï Lama, de Paule Salomon ou d’Alex Métayer).

Le fait est que la tristesse m’assaillit jadis au Kenya, mais là n’est pas le sujet. Le gaijin trisannuel est souvent triste. C’est une vague estimation : on peut être triste avant ou après, voire tout le temps. Le fait est que lorsque j’ai remarqué que ma vie au Japon était un fiasco total, j’étais triste. J’étais con, aussi : sans boulot valable, criblé de dettes, chaos affectif, sans plus d’amis que ça, je ne sais vraiment pas pourquoi je suis resté, si ce n’est par orgueil.

Fin de voieSkyporn

Cette tristesse de ne pas être chez soi, jamais, un étranger à jamais, on la lit souvent dans l’oeil du blanc local. On le sent résigné d’être coincé dans la zone de transit de l’aéroport depuis trop longtemps. Il sort moins (quand sa femme l’y autorise), il poste des photos de ses enfants aux noms polyvalents sur Facebook, il pense à investir dans un appartement, sa mémé a commencé à étudier le japonais au centre de Saint-Brieuc, pour communiquer avec les petits-enfants.

Sa tristesse, c’est des bras qu’on baisse (« non, je n’écrirai pas de livre sur « mon Japon », maman!« ), du bide en plus, de la routine, un agacement mou face à l’incompréhension de sa famille pour ce pays, une vague gêne de voir des photos de famille en polaire Quechua.

Oh hiss

Et parfois une honte sourde d’avoir essayé de faire comme tout le monde, même une seconde, sans y penser, puisqu’on vous a dit de le faire, mais de ne pas avoir décelé que c’était pour de faux : Gambarez-donc, petit étranger. N’est de Japonais que celui qui gambare. Ah, comment ? Vous espérassiez que le gambarage ne fît de vous un local ? Que moultes grands barrages passer fasse plus que vous rapprocher de notre précieuse unité insulaire ? Mais qu’espériez-vous donc ? Pas devenir Japonais, au moins ? Combien même eussiez-vous brisé tant de miroirs, que votre…enfin…regardez-vous, merde !

Take a Stand New directions

Je pense en être enfin à la phase 5. J’estime que faire des erreurs est légitime, voire nécessaire. Les phases ? Très bien. Qu’aurais-je pu faire d’autre ? Il faut assumer. Au delà des nationalités et des frontières, je suis partout, tel Gwen ou Robert Brasillach, qui se ressemblent si peu. J’ai perdu un certain nombre d’attaches avec la France ou avec la Suisse, mais je n’en souffre plus vraiment. Tel ou tel plat me manque ? Je le fais. Telle règle japonaise m’agace ? Je l’ignore ou la contourne. Les couillons exaspérés par les taxes alors qu’ils vivent de subventions ? Qu’est-ce que ça peut me foutre, si vous ne réfléchissez pas en terme de système global ?

Envois du boisTea Thyme

Tout ça me donne droit à la Médaille du Plus Gros Con, d’un point de vue français. A celle du Mec Vraiment Désagréable, du point de vue nippon. De l’helvète, je préfère ne même pas savoir, tellement c’est parfois un peuple d’ego-chouineurs. Toujours est-il que ça (changer de point de vue) me permet de vivre de manière plus ou moins équilibrée, dans un pays qui n’est pas le mien, comme partout dans le monde, mais où je vis pleinement. Je pense qu’un jour ou l’autre, il y aura un retour en Provence, dans notre hameau isolé, international (6 nationalité sur 7 ménages) et tellement rural qu’on y est seul, qu’on le veuille ou non.

En attendant, je suis ici, et j‘en profite enfin.

la pause du salaryman

Phrase de vieux cul n°191 : « Le tofu, c’est le truc le plus fade de l’univers, non ? »

24 dimanche Nov 2013

Posted by senbei in Bring Out Your Breads !, La Bright Life in Tōkyō

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Japan, Japon, Kurashiki, Onomichi way of life, The Seto Sea c'est aussi sept Aussies et ta gueule !, Tokyo

Ça fait déjà plus de 1 ans et 4 mois, mine de rien…comment-veux tu que je mémorise tous ces éléments dans l’ordre, moi qui suis un alcoolique notoire ? Enfin, je dis ça, mais le mec qui est en train de boire un chu-hi à 8° devant le combini, alors que je pars travailler à l’aube, il est autrement plus atteint que moi. Vu qu’il a une cravate, il va peut-être travailler aussi, quoique le Japon soit un pays plus simple que ça : tu es un homme, tu as un cou = tu portes une cravate. Au collège, dans l’entreprise, sur la poutre où tu t’es pendu. Youpi-matin.

Seto_Oignons

Si je m’en souviens bien, j’aurais finalement peu bu pendant ce séjour dans le sud (ceci est la suite du billet précédent, voui). 2 très bonnes bières à Kurashiki, et un rouge pendant le barbecue à domicile, également appelé la compétition de sauces épicées, animé par la toujours sémillante petite soeur (j’l’aime bien, celle-là). Vous savez tous ce qu’est un barbecue japonais, et sinon, vous vous renseignerez… La nuance est dans le choix des légumes : du jardin, cueilli à la main et serré contre des nichons qui pointent contre les picots du concombre amer (également appelé Margose) comme sous l’agacement du tentacule qui l’enserrait dans les vidéos de ta jeunesse.

Seto_goya

Seto_poivrons farcisSeto_poulet à la boddicker

Madame Boddicker se bat contre les habitudes paysannes modernes (en refusant les engrais à la louche, en labourant seulement à la main, avec des nègres à la peau d’ébène dont le muscle sec et bandé excite les obaasan du voisinage*) et le résultat est excellent.

(*qui leur jettent des cacahuètes  Oui, le Japonais est excessivement raciste ; moi aussi, ça me choque)

Seto_Goya_Tunnel

Les courges sont superbes et abondantes, l’occasion de se faire une trentaine de beignets de fleur de courges, un luxe absolu (dont personne n’a rien à foutre, en gros, puisqu’on dirait du tempura).

kurashiki_bierekurashiki_musée des arts traditionnels

kurashiki_bouffeurs de chouxkurashiki_maison rouge

Revenons à la piave : 500yens la bouteille de 33cl de bière de Kurashiki, sa mère la pute en geta dans une Ford Mondeo, je suis un rat, donc quoi ? Je trouve que c’est cher, tant mieux si vous trouvez ça normal, tas d’expats nantis à la solde de l’impérialisme yankee, suceurs de bite posthume de Steve Jobs, riverains d’Iidabashi-sur-Sorgues et sayonarasalistes de Nespresso à -10% sur le prix d’achat. Ah, Lénine, réveille-toi, fais-les pleurer leurs mères en passant leurs Mark III au pilon et baisse donc les taxes sur le houblon !

Mais la Mugimonogatari vaut le coup. Comme Kurashiki, une bien belle ville au sud d’Okayama. Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise d’autre ? C’est un blog, pas un dépliant touristique ! Vous avez le net, vous avez des yeux, y’a des photos, démerdez-vous !

kurashiki_la villeKurashiki_ruelle

kurashiki_la porte des étoileskurashiki_waiting for Tealc

kurashiki_l'heure du thékurashiki_le coucher de soleil

Sinon, comment dire…je suis légèrement déçu de mon rythme de parution, évidemment, mais aussi par ma propre écriture, dernièrement. C’est mou…je peine à passer outre la description passive d’événement que j’ai eu du plaisir à vivre et photographier, mais qui manquent de punch après coup. Or, si je sais que ce n’est surement pas la fréquence qui fait l’intérêt de ce blog, c’est bien la punchline. Si ça manque, que reste-t-il ?

On l’a déjà dit, être méchant est simple, mais bien vain, surtout quand on veut parler de choses qu’on aime. J’ai mis un temps pas possible à aimer ce que je voyais et vivais au Japon. Certains lecteurs le savent mieux que d’autres, mais j’ai gambaré au delà de la limite du raisonnable pour rester dans un pays qui n’est ni une nouvelle passion, ni un vieil amour, qui n’a pas besoin de moi, dont je ne parle même pas correctement la langue, dont je ne partage pas les valeurs, et qui présente à mon avis un avenir politique, économique et environnemental médiocre. Nous y reviendrons sous peu.

kurashiki_jardin kurashiki_pont cassé

Je ne sais absolument pas pourquoi.

Je suis arrivé ici par amour pour une personne et par peur de ne pas vivre d’aventure avant la trentaine. L’amour est devenu invivable, l’aventure hasardeuse, je ne sais pas pourquoi je ne suis pas rentré, sinon par fierté ; quelque part, je crois que je veux rentrer au pays en ayant réussi comme l’oncle d’Amérique au pays des Chnèous…

Depuis 2011, énormément de choses ont changé pour moi. Professionnellement, une nouvelle approche de l’enseignement, et la découverte que Tokyo ou plus largement, le Japon présente un formidable champ d’expérimentation. Le plaisir du travail a été suivi d’une épuration des employeurs, et une stabilisation financière finalement méritée, IMHO. A voir si ça dure.

kurashiki_le café kurashiki_le tabac

kurashiki_Le vélo kurashiki_le vieux glacier

Plaisir relationnel, volonté renouvelée… Bloguer est moins une priorité pour moi, parce que je suis plus occupé à vivre qu’à écrire, tout simplement (paye tes clichés de merde).

Phrase de vieux cul n° 155 : « Je vois carrément trop ce que tu veux dire ! »

05 mardi Août 2008

Posted by senbei in Kultur Schokk !, Opium For The Masses, Uncategorized

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Bukakke, canon, Japon, mensonge, photos, potemkine

Krsszrvr

Suivant la tendance qui veut que n’importe quel baltringue se sente investi d’une mission documentaire et artistique, pourvu qu’il soit muni d’un doigt, d’un numérique et d’un compte flickr, j’ai décidé que moi aussi je publierais mes fiertés nippones en espérant secrètement que quelqu’un se branle dessus dans les commentaires, façon

« Vraiment, j’kiffe trop ton style, ya trop d’émotion dans tes photos, ça me rappelle mon tour organise en promo Nouvelles Frontières d’il y a deux ans…et au fait, t’utilises quoi comme matos ? »

[« Matos » : marque de la connivence tacite suggérée, impliquant que le naze se sent de la même tribu que toi]

Suite à quoi je répondrais que

« tu sais, le Japon est tellement authentique que c’est dur d’y rater une photo, d’ailleurs c’est presque trop facile, que j’en suis découragé. Cela dit, on ne s’improvise pas photographe, tu sais, c’est dur de percer … »

laissant entendre au crevard les yeux luisants devant l’écran que j’ai réussi a la sueur de mon front et que je suis désormais un artiste « big in Japan », pays où on suspecte régulièrement toutes les merdes de réussir (les sujets à la con sur Clayderman) tout en montrant un respect imbécile pour ceux qui prétendent juste y arriver.

kolraqvibul

De toute façons, tout le monde ment sur internet (et ailleurs aussi).

Je rejoins Clarence là-dessus. Le mensonge est salutaire. Le mensonge est créateur de dynamique communicative, de remise en question, de prises de conscience dans un univers parallèle désespérément premier degrés.
(J’écris ça mais j’ai jamais été aussi honnête que sur ce blog. Ça en pue d’autant plus le mensonge : la vérité est rarement crédible).

Force magenta

Sauf que mon appareil est comme le lion qui est mort ce soir (enterré avec les 4 casses-burnes de PowWow, j’espère). Ou presque : le vieux Canon (« j’bosse qu’avec Canon, y’a un truc au niveau du grain, tu vois…« ) pourtant robuste mais trop petit pour faire sérieux (faut des cabines de 5 kilos pour mitrailler tout le monde sans qu’on te regarde de travers) est en train de rendre l’âme.
Par à coups…Un Alzheimer de l’objectif qui fait tout virer au violet, avec des images striées, déformées, illisibles mais parfois sexy.

The picture says it all !

Vision d'un homme se roulant dans un colon de chèvre naine (the picture says it all !)

Et pas franchement plus crétines, une fois montées bout à bout, qu’une de ces installations contemporaines de ce centre d’art contemporain de Villeurbanne dans lequel j’ai tant vomi de bouffe vietnamienne.
Devant les toilettes, il y avait une sculpture en purée de patates, imitation de la montagne de Rencontre du 3eme Type, comme celle que Richard Dreyfuss sculpte dans sa purée, mais version 1,5m.

L’expo avait plusieurs jours déjà, et la montagne (Potemkine ?) se veinait et se craquelait, la patate séchant, moisissant, verdissant, bleuissant même, sentant fort, en gros.
Globalement, comme un teckel écrasé par une fuego© de retour du Toto-Club (à Carsan, Gard) dans un tournant de l’avenue des Renards.
Justement : Alors que je sortais des gogues après en avoir lâché un premier, de renard, la vue et l’odeur m’y fit retourner prestement, 5 fois d’affilées.

Vincent en rigole encore…J’ai hâte qu’il vienne ici manger du sushi décongelé devant une vidéo de bukkake, qu’on rigole un brin.
Ah-Ah !

VrrrrbrrerrFrbroooruuu

Tout ça pour dire que vous n’aurez pas de photos récentes jusqu’à nouvel ordre.

PS: Ce post s’adresse presqu’à tout le monde, sauf eux, là, que j’aime vraiment bien.

a

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