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Désolé Clarence mais tu vas gerber, l'hôtel le plus kitch de Nasu, la montagne japonaise expliquée aux crétins, les onsens sont fait pour se suicider par l'ennui, Moi et Réon Kaneda tête-bèche dans un lit à baldaquin, Onsens et tatouages, Sorcerer, Sydney Fux l'aventurière vs. Le GPS japonais qui pointe vers la touffe, Tochigi
C’est pas que je manque de matière pour écrire, mais que j’en ai trop, et pas que des joyeuses.
Il y a des moments comme ça où on ne peut qu’enfoncer des portes ouvertes dans sa tête, et la patience de les coucher sur clavier ne vient pas trop : les soucis sont plus sympas ressassés tout seuls dans la matière grise et l’alcool. De toute façon, on sait qu’ils ne tiendraient pas s’ils étaient écrits. Allez donc écrire un plan détaillé en 3 parties (de chacun 2 sous-parties, contenant obligatoirement un exemple argumenté et une phrase de transition) sur ces trucs qui vous mordent le cœur et que vous trainez comme de micro boulets, avec cet air de souffrance autosatisfait d’être une victime du destin, de Dieu, du CAC 40 ou du Petit Père des Peuples.
« Lady, Lady Oscar, elle est habillé comme garçon… »
Eh oui, je me regarde dans la glace et je vois une face de laissé pour compte du Jospinisme : choucroute molle et air vaguement angoissé par la possibilité de ne pas boucler le budget annuel du conseil général et de prendre une tôle aux régionales dans le Doubs.
Mais vaguement content dans cette situation. Mais pas assez pour argumenter dessus.
Assez de déblaterations (à chaque jour son nouveau mot, gambarimashooo !), on n’y comprend rien de toute façon. C’est surement une histoire de femme, de boulot, d’avenir, bref, la merde neuronale la boue du coeur, la fange psychologique, le caca émotif, bouh.
Parlons plutôt du Japon, et d’un sujet bien vain de préférence. Tiens, 2 jours dans le rectum de l’univers, par exemple. À Nasu. Nasu. Nasu. Ça ne vous dit rien ? Moi non plus. Et j’ai autant de chances d’y retourner que de dormir tête-bêche avec Réon Kadena. Enfin, si Réon m’invite, j’y retournerai, même si ce n’est pas en la bêchant que je risque de voir le moindre rayon de soleil. Ah ah. Oh oh.
Je sais, je vous ai déjà fait le coup du bled-où-y’a-rien il y a peu de temps. Mais cette fois, c’est différent : il pleut.
Mais c’est presque la même histoire, avec quelques variantes : on ne pique pas la voiture des parents, on loue une Mazda (oui, une Mazda ! Je voulais une Datsun, mais c’était pas possible) inévitablement grise, et roulons sur les routes de l’exil, vers la préfecture de Tochigi.
Non, je ne sais pas plus que vous où c’est. Au nord, vaguement. Infoutu de mémoriser les listes de ces maudites préfectures, mais faut dire, pour ce que j’en ai à battre.
À Nasu, histoire d’ajouter le laid à l’inintéressant, il y a des panneaux à touristes partout. Comme c’est absolument dénué d’intérêt, tu peux imaginer que les panneaux focalisent sur des sujets auxquels le Nippon est sensible : bouffer n’importe quoi n’importe quand et comment, payer cher pour un hôtel aux allures de décors d’opérette anglaise sous-traités au Sichuan, se faire pigeonner avec des musées qui sentent le canular et la caméra cachée, mais font pétiller l’oeil du naïf qui resortira faussement satisfait, histoire de ne pas s’avouer qu’il s’est fait enfler de 980yens. Gardons le sourire, soyons beaux joueurs.
Musée du nounours, musée du verre soufflé artistique, musée de la gommette vintage, musée de la biscotte entamée, musée du sourcil d’hommes célèbres, musée des tenues d’équitation de jeunes vierges de la jeunesse bourgeoise…j’hésite…
Voiture-type de la bourgeoisie stylée à la Marc Dorcel
Mais là, il pleut. C’est hors-saison : les vieux sont partis, l’été s’achève et les rhumatismes les achèvent, la neige tardera encore cette année et les cottages en bois peints aux couleurs vives puent la merde visuelle.
Restent les onsens: le premier n’a pas de bain d’extérieur, mais avouons qu’il est classe, tout en bois, à l’ancienne, un vieux bâtiment. De la rivière montent des effluves souffrées. 6 bains, dont le premier à 41 degrés et le dernier à 48 degrés, une saloperie dont je ne risquerais même pas une éclaboussure, de peur que mes couilles ne ressemblent à des œufs mollets en sortant. Histoire de montrer qu’il en a, le yakuza local en squatte les rivages, faussement détendu sur son cul fripé, avec sa voix roque qui harponne le tympan de ses consonnes et ses épaules tatouées, jolies, mais usées.
Ambiance 100% burnes inside. Je me fais chier, mais l’eau est bien.
L’absence de bon sens de la Japonaise se fait souvent sentir au moment où c’est le plus criant. Avec le recul ou par absence de recul justement, on peut trouver ça attendrissant.
« Tuons-les, j’ai jamais pu blairer les couples mixtes ! »
Persévérer dans un pauvre chemin de terre digne de La Foret D’Émeraude juste parce que le GPS indique que l’hôtel est assurément là-bas au bout est un exemple parmi d’autres.
J’ai déjà vu le moment ou nous serions embourbés dans la jungle et que même Sydney Fox aurait décidé qu’il fallait abandonner la voiture aux torrents de boues charriant boeufs, caravanes des campings de Vaison-la-Romaine et enfants brésiliens, tandis que nous attendrions les secours et la décrue pendus à une branche de tilleul allergène qui ferait rien que nous balancer du pollen dans les yeux, c‘fils d’pute !
Mais non. Arrivés de l’autre côté du chemin ( mais sans traverser de pont comme dans Sorcerer, le magistral remake du Salaire de la peur, que je vous conseille vivement aussi), donc perdus, j’eus loisir d’entendre une voix fluette téléphoner à l’hôtel pour demander son chemin, expliquant qu’elle ne savait pas où nous sommes et qu’il n’y a rien autour.
J’ose pas imaginer la tête de l’autre au téléphone.
Toujours est-il qu’après quelques agitations de mandibules, touchers d’antennes et autres transferts de phéromones mobiloportés dont les autochtones ont développé une maitrise transcendante au fil des millénaires d’isolement consanguins, la copine raccrochait et disposait d’informations fiables et précises :
il fallait retourner sur la grande route et aller au zoo, puisque c’était à côté.
Un hôtel qui vous accueille avec des guirlandes électriques qui clignotent à la fin septembre ne peut pas être mauvais, il ne peut être qu’atroce. Comme la « cuisine », et je jure que ça m’écorche d’écrire ce mot pour parler ce que je déglutis ce soir-là.
En fait, tout cela était très en adéquation avec l’ambiance anglaise, sauf peut-être le groupe de musiciens de pop-rock-jazz-new-orleans, automates en plastique animé, page 212 du catalogue de l’Homme Moderne, catégorie « les cadeaux de tellement mauvais goût que t’oserais même pas l’offrir à un ennemi pétomane et fan de Michel Leeb, même pour rire ».
Une heure de standards de fête du troisième âge façon muzak abominable qui tordait l’estomac autant que la sauce tomate-balsamique-basilic déshydratée de la cuisse de poulet aux miettes de pain sec. Une invective à manger vite.
Si la pension ressemble trait pour trait à n’importe quelle scène de crime dans Detective Conan, que la bouffe meurtrit l’estomac et le bon sens avec, le bain a beau ne pas être une tuerie, c’est tout de même un bon point : en granite, et fermable À CLEF.
Vu qu’il n’y avait presque que des jeunes couples plus ou moins ringards et sans le sou (outre le mauvais goût résolument cheap, ai-je parlé du fait que c’était passablement bon marché ?), on peut penser que ça doit pas mal y baiser.
J’honorais Madame d’un autre liquide que la morve qui coulait à flot de ses orifices nasaux en ces froids jours préautomnaux, et nous dormions après une heure d’abrutissement télévisuel, bercé par les cris des animaux du « Safari park » avoisinant.
Dignity, always dignity.