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Chips au Sakura et kara-age de dinosaure, Des pétales et des thons roses, grosse japonaise avachie sur une bâche, je t’ai vu le premier et je t’ai vu le deuxième aussi, la mythopèche à la tortue, Les Japonais étaient là AVANT, pique nique sous les cerisiers, Société de consommation et Cerisiers en fleurs, traditions japonaises
Si vous cherchiez la preuve que je me fous complètement de votre gueule, la voilà : un article plein d’enthousiasme et de pétales de fleurs, de mièvrerie et d’œil concupiscent (j’adore ce mot et sa senteur « golden shower ») sur les jeunes filles dont les éclats de rire retentissent sous la fine pluie des délicats pétales si suavement roses qu’on se croirait à la Bar-mitzvah du fils de Barbara Cartland (Mario, c’est son nom, sans prépuce mais avec une moustache et une salopette).
Ça a commencé un vendredi, comme la veille de Shabbat ou le vide couille de Robinson Crusoé, avec l’arrivée de Rémi, que nous appellerons parfois MAP, non pas parce qu’il sait faire du pain, mais parce que c’est un vrai Moulin-à-Paroles, chose qui m’avait un peu échappé depuis le temps, mais s’est imposée à moi après quelques minutes.
Rémi emmerde le jet-lag, il ne veut pas dormir, on part donc à Ueno dès son arrivée. Quoique je déteste cordialement Ueno, le parc sous les cerisiers s’avère assez joli et entomologiquement intéressant : les bâches bleues, les gazouillis, les heures d’ennui…on n’y revient pas.
C’est le moment où il apparaît qu’une fois de plus, les articles de ce blog manquent cruellement de profondeur critique et d’enjeux. Pourquoi parler encore d’un sujet à priori intéressant si on l’aborde avec du sens critique, mais inintéressant à cause du simple étalage de vie privée insignifiante vers lequel ça dévie inévitablement ?
Pourquoi pas un article de fond sur le pourquoi du comment du Hanami ? Parce que je n’en sais fichtre rien. Mais on va essayer de suivre les conseils du boss, qui me le faisait remarquer cet après-midi.
Contrairement à ce qu’affirme Wikipédia, le hanami n’a pas été importé de Chine au VIIIe siècle, parce que si les Chinois et les Japonais avaient un lien quelconque si ce n’est une grande majorité de leurs légendes et coutumes ancestrales, ça se saurait. « Les chinois, c’est pas des gens comme nous » dit-on communément dans le cercle des anciens expatriés de Nankin, et comme les vieux sont source de sagesse, ça doit être vrai.
Un vieux pécheur ivre d’Ibaraki m’a raconté la vraie histoire véritablement authentique des premiers hanami, même que ça remonte à 1500 avant notre ère. Un jour de mars, alors que les saisons étaient complètement déréglées, Inochi Shimoneta (c’est un pseudo) , chasseur-cueilleur désœuvré et bredouille en quête de baies sauvages pour la soupe miso, s’arrêta sous un arbre afin de se reposer un peu (le japonais s’essouffle au moindre effort, vous le saviez déjà.)
Soudain, touché par la grâce, il remarqua que le vent préprintanier agitait les branches au dessus de sa tête, et que la lumière vive de la fin de l’hiver formait avec les pétales roses virevoltants un paysage magnifique, une vraie ode à la contemplation et à l’oisiveté.
Sans doute frappé par la mélancolie et la honte de ne pas avoir trouvé de myrtilles pour la soupe, il décida de rameuter le village pour boire un coup et oublier le rude labeur et la faim qui les tiraillait. On but beaucoup, tout le monde ramena des merdes à grignoter qui trainaient dans la hutte (protopoulet frit, chips de dinosaure, onigiri en sciure aromatisée…) et se murgea bruyamment sous les arbres, dans un grand moment de convivialité. Cette nuit-là, les buissons résonnèrent d’improbables ruts, les hommes se lancèrent des défis débiles en se jurant amitié après avoir noué leur pagne autour de la tête et le lendemain, tout le monde aurait mal à la tête et ne se calculerait plus.
En souvenir de cette découverte de l’excuse ultime de glander sous un arbre, les japanisthanais reproduisent ce rite chaque année depuis. Même Saint-Ouiquipédiatre le dit :
[…]les cerisiers du Japon sont plus populaires pour les hanami, particulièrement chez les jeunes (il s’agit d’un prétexte pour boire de l’alcool entre amis),[…]
Bien sûr, la réalité est un peu plus complexe.
Le Hanami n’est pas seulement un moment de détente rare dans la vie de l’entreprise. C’est aussi un moment pour rencontrer ses voisins, jouer avec les enfants, échanger des cartes de visite et dénouer sa cravate. Le Hanami est réellement un moment de communion sociale: moi-même, j’ai déjà parlé à des gens sous prétexte que mon freezbe était tombé à côté de leur bâche bleue. Magique, non ?
Sans compter que ça fait marcher à fond l’industrie agroalimentaire.
Les marchands de bière se frottent les mains, les producteurs de shochu sortent des éditions spéciales « cuvée sakura » en bouteille plastique de 10 litres, tu peux engloutir des chips au sakura, des kit-kats au sakura, des gâteaux de riz caoutchouteux aux feuilles de sakura salée (le choc des amygdales, le frisson des papilles), des boules de riz au sakura, des sodas au sakura, des choux à la crème de sakura, des huitres au sakura, du Saint-Nectaire au sakura, etc. Tu amèneras tout au parc dans ton sak-sakura, avec des serviettes sakura dans les ronds de serviettes en véritable bois de sakura (fabriqués par des vieillards de l’ile de Sakura-Jima, dont c’est la spécialité et même qu’ils descendraient d’un certain Inochi Shimoneta dont il y a la photo sur au moins 3 des 4 emballages, donc ça doit être vrai).
Mieux que la Cum-Cum-Mania, la Sakura-mania,c’est une affaire en or.
Ajoutez les milliers d’appareils photos, pieds, filtres polarisants, albums-avec-des-sakura-sur-la-couverture et bobs-contre-les-coups-de-soleil que les vieux-qui-ne-meurent-jamais-assez-vite ont achetés à Sakuraya (Shinjuku, sortie Est), et les touristes à la con, et c’est parfait. La crise est morte 15 jours grâce aux pétales de cerisiers, comme la tulipe sauve la hollande. Le FMI à même proposé d’arracher les oliviers millénaires du Péloponnèse pour replanter des sakuras sous toute la Grèce, qui n’a pas dit non, vu que le rose, c’est aussi un peu leur couleur nationale, quelque part.
Nous-même avons mis la main au portefeuille. Le dimanche, dans mon parc préféré, le (payant) Shinjukugyoen et ses pelouses anglaises sans fins, couvertes pour l’occasion de tout et n’importe qui, dans un joyeux bordel mi-Buckingham mi-forum altermondialiste.
Mais j’exagère : le sakura est accessible à tous, même aux pauvres, mais tout de même. Le premier qui sortait un djembé aurait été émasculé par la foule des femelles déchainées ou Godzilla ressuscité une fois de plus, mais au final c’est la même chose.
Soucieux des traditions, on cherche un emplacement, on déplie le plastoc, on s’affale, débouche la villageoise le vin de pays, coupe le saucisson que la douane n’a pas trouvé dans le sac de Rémi et donc pas brulé comme celui de Remka (résumé ici), on s’enniaise à vue d’œil et bois des pétales tombés dans les ballons de rouge, la beauté des arbres contraste avec celle très relative des troncs affalés autour de nous, au point qu’à avoir une grosse vilaine aux 4 coins cardinaux, on se sent vite encerclés. Le rose attire le rose : les thons sont aussi au rendez-vous.
Voyez combien c’est puissant, un blog argumenté avec une approche scientifeuque ?
Après l’exemple, l’explication (@methode inductive inside) : Le hanami semble exercer un attrait irrépressible non seulement sur le basané local, mais aussi sur l’étranger, voyageur ou non. Pour preuve, cette TRÈS pulpeuse Italienne qui est venue nous proposer du gâteau au chocolat alors que nous nous serions très bien contenté de son lait, produit bien plus naturel, soit dit en passant. Pour autre preuve, les milliards de blogs plus ou moins naïvement soporifiques criant leur amour de ce rassemblement populaire dans un style à se faire suicider tous les nègres de Paul-Loup Sulizer d’un coup.
D’autres preuves ?
La création de cercles de nostalgiques ou de fascinés pour exporter cette débauche subsilvestre vers l’Europe, des groupes facebook pour repérer les autres couillons qui écrivent leurs noms en katakana « parce que c’est cool », d’atroces et creux sites en flash, des restaurants dans le New Jersey, des blogs de poësie bouleversante à vous retourner l’estomac…
Certains sont assez bien documentés, notez. Ils indiquent des cartes de floraisons comme à la télé, des bons plans pour trouver les coins sympa, et même la typologie des arbres, puisqu’il s’agit de plusieurs sortes de cerisiers, donc plusieurs types de fleurs, plusieurs ambiances, plusieurs odeurs, etc. C’est pas fondamental, mais ça peut servir à draguer, surtout si vous avez plus de trente ans (le troisième age, en gros).
Dans un souci purement scientifique, à savoir l’écriture pour les presses universitaires de l’université de Ridgemont d’un article de fond dressant un parallèle entre l’éclosion des pétoules et le rougissement des faces des ponjaises suite à l’ingestion d’alcool (ou comment déterminer un degré seuil défini par un ratio verres/rougeur faciale, degrés permettant de définir si la drague est viable et si la ponjaise sera en mesure de procréer AVANT de dormir), nous avons rapidement fait un tour du parc pour relever des échantillons.
On échangea nos points de vue avec Taiki et Kanae, les 2 laborantins du CONNASS (Commission d’Observation des Nubiles Nigotes en Attroupement Sub-Sakurales) avant de finir l’exploration du parc, pendant laquelle on observera une séance de mythopèche à la tortue, une tradition séculaire elle aussi.
En gros, il vous faut : Une ficelle en fibre composite (40% Tergal, 30 % Sisal issu du commerce équitable et le reste en papier crépon) est tenu à 8,12cm au dessus de la surface d’une marre bénie par l’empereur, un gosse sélectionné parmi 6 millions en touchant des objets ayant appartenus à sa précédente réincarnation – oui, comme le Dalaï-Lama, mais les Tibétains ont tout copié, pour sûr, puisque les Japonais étaient là avant. Pourquoi ? Vous ne comprendriez pas. Ils étaient là avant, c’est tout. Leur modestie les pousse juste à ne pas foutre la honte au reste du monde. Prenez la bible : saviez-vous qu’après leur expulsion, Adam et Eve s’étaient arrêtés manger un oden à la sortie sud du Paradis ? Non ? Ben voilà.
On balance la ficelle rituelle au dessus de l’eau bénite, une saloperie de tortue à tache rouge débarque et daigne la mordre mollement en méprisant la divine progéniture d’un regard aquatique, et celui hurle les mots consacrés :
« Viendez tous voir, j’ai chopé une tortue la con d’ses morts ! »
Les imbéciles accourent en feignant l’émerveillement, le gosse à un premier émoi dans le bas ventre, mais c’est possible que ce soit juste une envie de pisser (elle fait peur, la tortue). C’est un peu comme les rites d’initiation massaï de passage à l’âge adulte. Si à cette remarque vous n’avez pas pensé que ce rite négroïde n’est qu’une grossière parodie dansée de la sublimement chorégraphiée cérémonie japonaise expliquée ci-dessus, c’est que vous n’avez rien compris. Relisez l’explication précédente.
Après quoi, on se caffeina, rentra, révisa pour les examens, etc. C’est un autre histoire.
Tanguy a dit:
Mwaha ha ha !!!
J’ai bien ri moi, tiens. Toujours ce sens mordant de la formule qui fait mouche …
Sinon, les pelouses ont l’air hyper clean, pourquoi qu’ils tiennent absolument à foutre du plastique dessus ? Comprends pas … c’est quand même plus agréable le contact de l’herbe fraîche, non ?
Et puis, quoi, il n’y a pas de plaids au Japon ?!?
Ave Ismaelius vis comica
Tanguy souriant mais perplexe
sparkplug a dit:
Je trouve que le hanami au Japon est une version urbaine et kawaiisée du camping Français.
Sakura mer, sake apéros, bâches bleues table de camping, gaijin hollandais…
C’est censé être sympa mais c’est assez beauf finalement…
Alex a dit:
« Sakuraya (Shinjuku, sortie Est) »
Hey, je t’arrêtes tout de suite :josé:
Le Sakuraya sortie est est devenu un bic depuis que sakuraya s’est fait racheté. Du coup ca marche plus.
Par contre je suis d’accord, putain de touristes à la con.
Alex a dit:
(Putain, j’ai fait de vilaines fautes, on va dire que c’est parce qu’il est 5h du matin … )
N a dit:
Ah ah, tu m’as dérouillé les zygomatiques pour la journée : danke !
judith a dit:
Mr Shimoneta.. hahaha
La 1ère fois que j’avais demandé à une copine ce que ça voulait dire elle m’avait répondu avec un visage angélique « ben… une blague anale, un truc dans le genre.. »
Akage a dit:
Chuis scié. D’habitude, la suite est bien moins bonne que l’original.
Du coup, je me prends à rêver à une trilogie.
Robert Patrick a dit:
Ton lien vers la vidéo de 5cm merde, t’as un « http:// » en trop.
RP, SAV
senbei a dit:
Merci à tous.
@Tanbi : l’herbe fraiche…mais tu ne te rends pas compte de toutes les bètes qu’il peut y avoir dedans ? Des bactérie, des vers, le scrameustache, des enzymes, etc. C’est le cancer immédiat, tu veux donc mourrir ?
Déjà que pour les femelles locales, manger un truc sans se désinfecter les doigts avec une lingette imbibée de produits chimiques, c’est impossible, alors imagine, poser son cul plat sur la molle pelouse…affreux affreux affreux.
Faut vraiment être un pseudo-rital de la Ciota pour penser comme ça. Tu toucheras pas le minou promis ici si tu fais ça.
Tiens, c’est vrai, pas de plaids ?
@Alex : merci, j’avais zappé ça. Mais je le laisse pour faire honneur à ton commentaire. Au fait, on se boit quand ce verre entre touristes longue durée ?
@Akage : Je doute que je puisse ajouter quelque chose, là. On bouge sur autre chose. Mais toujours scientifique, bien sur.
@RP : modifié ! Merci. Très bel animé un peu creux, n’est ce pas…
Sir Michaël a dit:
Ici à Aix en Provence, on a des traditions assez proches dans le milieu étudiant. Le parc Jourdan est un haut lieu pour toutes sortes de dragues, mais les pique nique sous les arbres sont en bonne place.
Par contre ici, y a moyen de toucher le minou promis même si on a pas de bâches pour s’assoir, même si on se lave pas les mains avec une lingette (d’ailleurs, qui se les laves, même à la maison?). Non, ici à la rigueur, c’est plutôt après que la lingette peu servir, et encore…
flora a dit:
Je préférai mon Shinjukugyoen tranquille et désert, ceci dit un mois plus tôt ils shootaient deja le moindre pétale en mode macro comme en superultratélé.