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Stalkeeeeeeeeeer

Basiquement, l’assiette du voisin est toujours meilleure, c’est une règle.

J’ai beau ne pas supporter de Nike à mes pieds, je suis profondément envieux de ce sale bâtard qui est arrivé à trouver ce modèle super rare et les porte avec plus de classe et fierté que je n’en aurais jamais.
Je suis envieux au point d’avoir passé des heures de mon enfance solitaire des collines à feuilleter des magazines abjects comme LE POINT, juste pour le plaisir d’imaginer avoir cette Volkswagen Passat que la Jaguar précédant les pages « dossier : spécial horlogerie » chassera d’un mental « ah ben non, je la REVENDS et veut celle-là à la place », prouvant que c’est pas incompatible avec l’avarice.

Pano_Tama

Oui, je veux le beurre et l’argent du beurre. Ça serait de l’ambition si je faisais vraiment quelque chose pour, mais comme c’est purement pusillanime de ma part, ça reste de l’envie.
Je suis un « klöschteler », comme on dit en suisse. Quoi, vous parlez pas le Schwiizerdüütsch courant ? Z’êtes vraiment que des grosses buses !

Pano_Meidai

Au moment où je vous écris, au café Saint-Marc (je préfère Saint-Antoine, mais c’était pas raccord avec le post), il y a une super jolie fille 2 tables plus loin, à ma droite. Je la regarde, je rêve de lui parler, mais la peur m’en empêche.

Kagami1_CKagami2_C

Alors surement, sur ma tête s’est inscrite l’expression du klöschteler, ce pauvre type qui rêve d’un truc sans oser faire quoi que ce soit, mais qui ne peut pas le cacher non plus, ni ne veut le cacher vraiment par ailleurs : au fond, il rêve que la jolie fille, lisant la détresse dans ses yeux de chiens battus, lui renvois un regard autre que chargé de mépris, chose qui n’arrivera pas tellement il la mettra mal à l’aise à force de la mater pas discrètement.

Peut-être qu’elle l’aurait trouvé mignon à la base, avec sa coupe à la con, son pull violet et sa manière de taper à 3 doigts sur un PC minusculement exotique, mais à force, elle le détestera secrètement. À moins que ce soit mon imagination….

A l'horlogerie_c

Ce regard, c’est celui du  klöschteler , qui regarde le gâteau dans la vitrine pendant une heure, mais ne demande rien et attend qu’on vienne lui en proposer une part, et finalement part quand le pâtissier le regarde avec l’envie de lui botter le cul. C’est ce mec, assis au café, tapant comme un âne au lieu de parler à une jolie fille qui travaille. Il a envie mais ne fait rien à s’en donner mal au ventre.

Les excuses fusent : « Après tout, je ne suis pas comme ça, j’ai une copine, et puis si c’est pour me prendre un vent de suite…bah »…

Sourire dehors

Oh putaaaaaaaiiiiiiinnnnnnnnnnn !?

Sociotrivialement, l’envie est un des nerfs du Japon : l’envie de ce qu’a l’autre s’exprime quotidiennement par le langage (on ne dit pas « c’est de la race, trop bien pour toi ! » mais « iiiiiiii naaaaaa », ce qui revient à « je t’envie trop sale bâtard ! », à peu de nuances près), par ses aspirations, souvent moteur du nivèlement social et de la structure societâââle qui en découle (la bouffe impayable, le met inaccessible, les sacs de marques tape-à-l’oeil, le bling-bling sarkozyste de Ginza ou Master-P-esque de Shibuya, tout ça…) mais aussi le racisme envers les voisins, des sous-races dont toute bonne invention est forcement nippone, et que, quand bien même le contraire serait démontrable, on s’en appropriera la paternité.)

Pano_9

L’envie pointe vers l’orgueil…